Algérie

La jeunesse algéroise désintéressée



Et c?est toujours la même chose, les mêmes discours, les mêmes têtes... », s?exclame Salah Eddine. Les odeurs de nourriture des gargotes alentours renseignent sur l?heure et les allées et venues des étudiants de la faculté de Ben Aknoun qui ne démentent pas du fait qu?il est presque midi. Salah Eddine est adossé à une voiture dans ce qui semble être le parking de la fac. Il discute avec ses amis, deux garçons et une jeune fille. Etudiants pour la plupart en 4e année de droit, tout juste licenciés pour certains d?entre eux, le thème des élections législatives est loin de leur pensée. Aucun n?ira voter. Inscrits sur les listes électorales, cela fait longtemps qu?ils semblent avoir jeté l?éponge. « Depuis les dernières législatives », exactement, Salah est fâché avec la politique. Il a conscience de l?enjeu des élections législatives, du rôle supposé du Parlement et de la mécanique démocratique. Ses études de droit lui permettent de prendre la juste mesure de sa démission. Son ami commente : « Pourquoi voter pour des gens qui ne sont pas qualifiés, qui sont peut-être médecin ou commerçant, mais qui ne connaissent rien aux rouages juridiques. » Et son camarade de poursuivre : « Ils ne sont ni représentatifs en idées ni en âge. En rien. » « Je n?ai pas confiance en eux. Je ne crois pas à l?indépendance du Parlement par rapport à l?exécutif. Une fois élus, ils font de la chita (la brosse, ndlr), et ne se distinguent en rien », s?inquiète un compagnon de Salah Eddine. Lunettes de soleil, jean un peu délavé, le sourire franc, mais les bras croisés sur le torse, la jeunesse estudiantine semble peu encline à s?épancher sur l?événement de cette dernière semaine. « Ils sont d?un autre âge, d?une autre époque. Est-ce que vous pensez vraiment que ces gens-là sont aptes à comprendre les besoins de la population algérienne composée majoritairement de jeunes », s?exclame un autre jeune du groupe. Jusqu?ici timide et réservé à la question, il s?emballe et ne cesse de répéter que tout cela est une mise en scène. La jeune fille adossée à côté de lui à la voiture s?en fout comme d?une guigne des élections législatives. La quasi-absence de femmes députés ne la dérange pas. « Ils sont tous à mettre dans le même panier », répond son ami à sa place. Aussi le danger de voir un parti loin de leur préférence politique occuper l?hémicycle de l?Assemblée populaire ne les effraie pas. En effet, les futurs juristes connaissent les dangers de leur abstention mais n?en ont cure. « Quelle que soit la force politique qui va gagner, cela importe peu et aura peu de conséquences. Pourquoi ? Et bien pour la bonne raison que le Parlement n?est pas pourvu de vrais législateurs », argumente Salah. Pour preuve, il revient sur le code de la nationalité qui a été modifié voilà environ deux ans. « Il y avait des acquis pour l?obtention par un étranger de la nationalité algérienne. Ces acquis ont été complètement modifiés. Du coup, la procédure est plus compliquée. On fait du n?importe quoi », a-t-il dit. Selon Salah, un étranger pouvait acquérir la nationalité algérienne par décision de justice sans qu?une opposition ou un appel ne puisse être formulé pour contrer la décision de justice. Visiblement, la décision peut aujourd?hui être dénoncée. Le corps électoral appelé à voter ce 17 mai est de 18 313 594 électeurs. Environ 60% de ce corps a moins de 35 ans.


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