Algérie

La hargne et le burlesque



La hargne et le burlesque
"Votre heure va bientôt sonner !" a clamé le téméraire président du Conseil de la nation, après le dépôt officiel de sa candidature par Bouteflika.Bensalah adresse cette menace à tous les opposants à un quatrième mandat. En y adoptant le ton de la bravade de ses compagnons de régime qui se sentent couverts par la prolongation de l'empire du clan sur l'Etat.En lançant cette bravade gratuite, Bensalah, réserviste professionnel du régime qui ne s'est jamais, jusqu'ici, démarqué par sa pugnacité, rejoint ses camarades promoteurs du statu quo éternel dans le lexique de la provocation fait de : "Gagnants coûte que coûte", "Habba men ahabba oua kariha men karih", "Inaâl bou elli ma ihabnach", etc.Le pouvoir, c'est connu, donne de l'audace. Pas seulement à celui qui le détient, mais aussi à celui qui le sert. Quant aux autres, ceux qui s'y opposent, ils s'en trouvent non seulement démunis ? démunis de pouvoir ? mais, aussi, démunis de défense. Aussi longtemps que l'emprise du puissant se prolonge, ils sont à sa merci. À la merci de sa cour, donc. Et un Bensalah, à l'abri d'institutions colonisées par la force et par la fraude, peut les effrayer : "Votre heure va bientôt sonner."Depuis ces quelques mois que les hommes du pouvoir, qui sont aussi les hommes des institutions, en campagne pour le quatrième mandat, produisent un discours politique d'une étonnante agressivité. Le "votre-heure-va-bientôt-sonner" de Bensalah n'a rien à envier, dans son intonation, au "préparez-vous-à-changer-de-mode-de-vie" du FIS, entre les deux tours des législatives de 1991. On y décèle la même intention d'intimidation. Et la même dose de haine.Mais ce discours est, aussi et surtout, d'une insondable misère conceptuelle. Ne pouvant même pas sauver le minimum de formes dans leur opération de hold-up, les chantres de la "stabilité" préfèrent brandir l'assurance de leur triomphe, plutôt que de produire l'argument politique de leur obstination de naufragés. L'on n'attend pas d'eux qu'ils fassent valoir leur attachement aux cordons de la rente. Mais tout de même, l'Algérie vaut bien quelques renonciations !"Le peuple algérien donnera, comme de coutume, une leçon de citoyenneté à ceux qui veulent nuire à notre chère patrie." La victoire massive viendra corriger ceux qui, par déficit de citoyenneté, contestent la légitimé du quatrième mandat et, donc, "veulent nuire à notre chère patrie"... Ainsi mis au ban de la patrie, les adversaires du quatrième mandat ne peuvent être pris que pour ce qu'ils sont : des éléments nuisibles à la nation."La patrie, c'est nous !" peuvent alors clamer les ténors. La patrie n'est pourtant pas si bien servie par l'épreuve d'une candidature forcée, qui les contraint à cette étrange communication que les médias étrangers relèguent aux rubriques des vidéo-gags.N'allez surtout pas raconter l'histoire de ce candidat qui a, tour à tour, brigué l'Elysée et El-Mouradia, égarant là-bas son ordinateur, ici son camion de formulaires. Le monde croirait que nous avons tous envie de rire. Passant de la hargne au burlesque, la précampagne résume, à elle seule, l'étrange déchéance d'un pays que l'on croyait promis à un autre destin.M. H.musthammouche@yahoo.frNomAdresse email




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