Algérie

La harga diplomatique



L'expression « Nul n'est prophète dans son pays » trouve en Algérie un territoire si prolixe à sa confirmation. Les années passées et les exemples s'amoncellent. Les universitaires restent en tête des listes de ces Algériens qui réussissent à l'étranger. Mais il y a d'autres « profils ». Parmi eux ceux qui sont cajolés dans les institutions internationales alors qu'ils sont quasiment indésirables chez eux.L'exemple de Ramtane Lamamra est édifiant à plus d'un titre. Voilà un diplomate chevronné, qui durant presque 4 ans (2013-2017) a été un ministre des affaires étrangères respecté et entendu, que ce soit sur le plan interne ou externe, qui s'est retrouvé du jour au lendemain écarté. Sa non reconduction à son poste en mai 2017 (il a été remplacé par Abdelkader Messahel) avait surpris plus d'un. Avec ses compétences reconnues et confirmées, Ramtane Lamamra ne pouvait pas être « ignorer ». sa traversée du désert n'aura duré que 4 mois. Renier par son propre pays, il a été tenté par la harga, mais diplomatique. Pas d'embarcations de fortune au programme mais plutôt des propositions comme moyens de départ.
Dès septembre le Secrétaire général des Nations Unies le nomme comme membre du Haut-Comité consultatif de l'ONU en charge de la médiation internationale. Un mois après, en octobre, il est désigné Haut Représentant de l'Union Africaine (UA) pour « Faire Taire les Armes ». Une double casquette comme signe de reconnaissance de ses capacités et de sa grande expérience accumulé tout au long de sa carrière. Il suffit de voir comme il est perçu dans les pays dans lesquels il est reçu pour avoir une idée sur l'importance accordé à l'énarque qu'il est.
Depuis hier, presque tous les médias malgaches titrent sur son déplacement sur place dans l'espoir de régler la grave crise qui secoue ce pays. Accueilli comme un messie, Ramtane Lamamra, s'attelle depuis son arrivée à Antananarivo, à rencontrer les principaux dirigeants du pays avec comme objectif de trouver une solution commune. Beaucoup d'espoirs sont mis sur sa mission et d'aucuns affirment qu'il a toutes les chances de la réussir.
Renié chez soi, choyé ailleurs. L'ex-chef de la diplomatie algérienne n'est malheureusement pas le seul "échantillon" de cette "sentence". les exemples ne manquent pas. Il y a ainsi le cas de Idriss Jazairy, ex-ambassadeur d'Algérie auprès des Nations Unies à Genève, et depuis de longues années considéré comme l'un des diplomates les plus influents sur le plan international. N'ayant plus été appelé pour servir son pays, il s'est retrouvé à éclairer d'autres sphères qui depuis se frottent les mains de pouvoir "profiter" de ses connaissances. Directeur exécutif du Centre de Genève pour la promotion des droits de l'homme et le dialogue global, Idriss Jazairy est également rapporteur spécial de l'ONU sur les Droits de l'Homme et les sanctions internationales,. Ses efforts sont à chaque fois loués surtout que ses combats sont des plus nobles. La question d'islamophobie est souvent au centre de ses interventions dans l'espoir de l'éradiquer. La stature de Idriss Jazairy lui a également permis d'être un élément essentiel dans l'exploration de solutions pouvant aidés les pays sous embargo. Que ce soit le Soudan, la Syrie, l'Iran, ou encore le Venezuela, l'algérien a été au coeur des initiatives pour dénoncer les mesures coercitives unilatérales imposées à ces nations. Défenseur invétéré des droits de l'homme, Idriss Jazairy ne cesse de dénoncer la "hogra" criarde que subissent plusieurs Etats qui ne rentrent pas dans le "moule" de la mondialisation galopante. L'une de ses dernières déclarations, qui remontent au début de ce mois de mai, donne un aperçu de l'orientation de ces combats:« 25% de la population mondiale vit dans des pays victimes de mesures coercitives unilatérales. Il n'y a pas de convention de Genève pour les victimes de la guerre économique». Des vérités que beaucoup ne veulent ni entendre, ni comprendre.
Ahmed Djoghlaf est un autre diplomate algérien à la carrière bien remplie mais dont les potentialités n'ont pas été exploitées par l'Algérie. deux étapes de sa carrière auraient suffit pour le mettre au sommet de n'importe quel pays qui se respecte. Ahmed Djoghlaf a été secrétaire exécutif, de 2005 à 2012, de la Convention sur la diversité biologique (CDB). Un poste qui lui avait donné le statut de secrétaire général des Nations Unies! Durant cette période l'algérien avait beaucoup contribué à la protection de l'environnement dans le monde. De l'avis des experts il avait effectué un excellent travail lors ces 7 ans à la tête de cette organisation onusienne. la reconnaissance ne se faisait pas attendre, puisque il a été désigné après comme co-président du comité de négociation de l'accord de Paris en 2015.
Les noms s'accumulent mais le perdant est toujours le même, le pays. L'apport de ces personnes, harragas à leur façon, aurait pu être déterminant dans le développement d'une nation. L'excellent travail effectué par ces personnalités au sein des organisations internationales vient démontrer que le problème de l'Algérie n'est pas un manque de compétences, mais plutôt une absence de gouvernance.
Salim KOUDIL
@SalimKoudil


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