Algérie

La halqa de la haine



Devant les députés israéliens, le président des Etats-Uniss'est laissé aller à l'exaltation du «peuple élu», tout en exprimant sonexécration de ces Arabes qui refusent le diktat et résistent. Le discoursexsudait la haine pure, doublée d'élucubrations prophétiques.Dans la salle, il régnait une atmosphère extatique, partagéeet soutenue par un auditoire au summum du contentement. La prestation de GeorgeW. Bush pourrait se résumer à la défense et l'illustration de la solidarité américano-sioniste, l'affirmation que 300 millionsd'Américains se tenaient aux côtés des sept millions d'Israéliens menacés parle même ennemi.Tant pis si l'histoire depuis 1948 ne désigne d'autrefauteur de guerre que l'entité sioniste et son allié. Mais à ce stade dedéconnexion, la vérité et l'histoire pèsent peu. Au-delà des Arabo-musulmans, cet ennemi clairement identifié maisinnomé, le message était destiné à l'opinion américaine. En particulier à Barack Obama, dont la rhétoriquede campagne est certainement moins aventuriste que les envolées belliqueusesd'un président dont le bilan international est une épouvantable traînée de sang,et les résultats économiques une récession sans précédent depuis les annéestrente. Le spectacle offert à Jérusalem méritait d'être vu et apprécié à sajuste valeur: il exhibe crûment le ridicule des Etats «arabes modérés» et enpremier lieu l'Arabie Saoudite, où Bush s'est rendu après avoir déversé sonfiel à la Knesset.Impossible de ne pas prendre acte de cette haine fervente, dignede John Hagee, l'évangéliste fanatique sionistechrétien prêt à exterminer tous les Arabes de Palestine et d'ailleurs. Bush asuscité l'enthousiasme frénétique des parlementaires israéliens qui avaientcommencé par expulser les quelques députés arabes de la Knesset. Il n'auraitpas été désavoué dans la forme par le plus énervé - et le plus fruste - desimams radicaux des montagnes afghanes.C'était une détestation passionnée qui s'exprimait pendantque des ballons noirs lancés par le peuple de la Nakbamontaient au ciel. A quelques kilomètres de ce happening mystique, des dizainesde milliers de Palestiniens manifestaient pourdénoncer l'injustice criminelle dont ils sont victimes depuis soixante ans. Pasla moindre compassion pour ces pauvres humains à l'insupportable altérité. Qu'uneforce d'invasion puissamment armée par des Occidentaux, libérant leurculpabilité d'un passé de pogroms et de génocides, se soit livrée au nettoyageethnique, au vol des biens et à la spoliation des populations indigènes, estvoué avec désinvolture aux oubliettes de l'histoire des puissances. Bien sûr, leprésident de la Civilisation a magnanimement - et fugacement - évoqué, pourla énième fois, la création d'un Etat pour les Palestiniens. Cela fait partiedu rituel.La ministre des Affaires étrangères d'Israël a, le mêmejour, déclaré que l'examen de la création de cet Etat était repoussé aurèglement préalable de la question des armes nucléaires iraniennes. Est-il besoinde manifester la moindre surprise devant l'inanité de l'argument ? Pas vraiment...Les intentions sionistes ne se cachent pas: faire durer le fait accompli pourimposer par la force ce qui est fondé sur l'arbitraire.Les peuples anciennement colonisés -nous Algériens sommes bien placés pour le savoir - ont tous connu cette mêmetactique et ces mêmes méthodes. On sait comment cela s'achève: le conflit auProche-Orient n'échappera pas à la règle. Et tous les prêches du monde, lesplus exaltés soient-ils, n'y changeront rien.


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