Algérie

La guilde (III)



Une sorte d'union sacrée existe entre Al-Nosra et le Front islamique (FI), une coalition emmenée par l'Arabie saoudite, où l'on retrouve, comme par hasard, deux mouvements appartenant aussi à l'Armée de la conquête dont le Ahrar al-Sham, cité précédemment.Il est intéressant de remarquer que le Souqour al-Sham (Les Faucons du Levant), qui était à l'origine membre de l'Armée syrienne libre (ASL), a rejoint le FI avant d'être absorbé en mars 2015 par Ahrar al-Sham. Il est légitime de se demander ce qui reste vraiment des opposants «modérés» sur le terrain si l'on excepte quelques éléments dispersés de l'ASL, surtout dans le sud-ouest du pays, au nord d'Hama et dans la région d'Alep. Deux de ces groupes, le Souqour al-Jabal à Alep et le Tamaju Alezzah, qui ont reçu l'aide de la CIA, affirment avoir été bombardés par les Russes. Tous les autres considèrent que la charia est la seule loi applicable et que la «démocratie est la religion des impies». Sur un autre plan, quelques accrochages ont bien lieu entre Al-Nosra et Daech, en particulier dans la région d'Alep, mais leur intensité semble avoir été relativement limitée. Dans d'autres régions, des coopérations locales peuvent avoir lieu. La brouille entre les deux mouvements est surtout une histoire de chefs ; sur le terrain, les activistes y portent moins attention. Rien ne dit qu'elle ne se terminera pas un jour, Al-Qaïda «canal historique» multipliant les gestes pour qu'Abou Bakr al-Baghdadi rentre dans le rang. Début octobre, Ahrar al-Sham et Jaish al-Islam, les deux plus importantes factions du FI, ont lancé un appel avec 41 mouvements pour s'opposer à l'offensive russe lancée fin septembre. Ils ont été suivis par 51 chefs religieux saoudiens ? non mandatés par Riyad - qui ont demandé aux pays arabes et musulmans d'apporter un «soutien moral, matériel, politique et militaire» aux acteurs du djihad en Syrie contre le gouvernement de Bachar Al-Assad et ses «alliés russes et occidentaux». Ils ont ajouté que «les combattants de la guerre sainte en Syrie défendent la nation musulmane dans son ensemble». Nul ne sait aujourd'hui comment la situation va évoluer en Syrie suite à l'intervention directe de Moscou en soutien à Damas et à l'intensification des frappes américaines. Toutes les options sont sur la table d'autant que l'armée régulière tente de reprendre l'initiative avec l'aide du Hezbollah libanais et des pasdarans iraniens. Sur le plan du terrorisme, Al-Nosra aurait reçu des consignes d'Al-Qaïda central de ne pas passer à l'action en dehors de la Syrie. Selon les Américains, il en aurait la capacité opérationnelle via ce qu'ils ont appelé le «groupe Khorasan», puisqu'ils ont mis en avant ce prétexte pour le bombarder dès l'été 2014, en même temps que Daech. La tentation va être grande pour Al-Qaïda - mais aussi pour Daesh - de lancer des opérations à l'extérieur pour tenter de desserrer l'étau qui se resserre sur le front syrien, estiment certains observateurs. De nombreux sympathisants de la cause islamiste, pourraient passer à l'acte là où ils se trouvent. Ils se revendiqueront majoritairement de Daech, jugé plus porteur, mais pourraient être aussi encouragés par des appels lancés par Al-Qaïda «canal historique». Ainsi, Hisham Ali Ashmawi, ancien officier et émir du groupe Al-Mourabitoune en Egypte, a appelé les «loups solitaires» à attaquer les intérêts israéliens, les militaires égyptiens, les journalistes... (Suite et fin)




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