Algérie

La guerre perdue contre la corruption Edito : les autres articles



Créé en décembre 2011, l'Office central de répression de la corruption est opérationnel depuis hier avec l'inauguration de son siège, à Alger, par le ministre des Finances, Karim Djoudi. Cela a été, bien évidemment, l'occasion de réaffirmer «la détermination de l'Etat à combattre la corruption». Une sorte de signal à l'adresse de l'opinion publique «nationale et internationale», comme l'a souligné le représentant du gouvernement. C'est un exercice délicat, sinon vain, de vouloir convaincre les Algériens et les partenaires étrangers de la volonté du pouvoir algérien à lutter contre la corruption.
Le crédit à accorder à des déclarations officielles à ce sujet est quasiment nul dès lors qu'elles sont ressassées depuis près d'une quinzaine d'années et que le pays se trouve présentement au c'ur d'une tourmente liée à la corruption, avec des ramifications et un retentissement internationaux. Loin de garder un profil bas, le pouvoir en place multiplie les déclarations d'intention comme aux premiers mois des mandats présidentiels successifs, dans une attitude confinant à la dénégation et à la fuite en avant. A près d'un an de l'expiration de la 3e mandature, le bilan est implacable : la corruption est la pratique la mieux ancrée dans le pays, prioritairement dans les institutions.
Le fléau a étendu son emprise sur des pans entiers de la vie nationale, n'épargnant même pas la politique. La corruption «gagnait» en espace au même moment où la démocratie et les libertés perdaient du terrain. Aujourd'hui, le pouvoir verse dans la schizophrénie. Le Président se dit «révolté» alors que les coups les plus tordus contre l'image du pays et l'économie nationale viennent du «premier cercle», du clan sur lequel l'actuel locataire d'El Mouradia s'est appuyé depuis son accession au pouvoir. Des ministres réitèrent l'inénarrable volonté de l'Etat à lutter contre la corruption quand des personnalités, parfois en poste, n'ont rien perdu de leur superbe en dépit des forts soupçons d'implication dans des affaires brumeuses.
Pendant ce temps, l'Algérie reste enferrée à la 105e place du classement mondial, selon l'Indice de perception de la corruption établi l'année dernière par l'ONG Transparency International. Loin derrière les pays du Maghreb et lanterne rouge dans le monde. La guerre perdue contre la corruption n'a d'égale que celle menée depuis deux décennies contre les terroristes islamistes écumant encore nos maquis. C'est l'armée tchadienne qui annonce avoir éliminé des émirs d'AQMI, alors qu'au Nord, ils attendent depuis des années leur amnistie intégrale.


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