Algérie

La guerre du kif Edito : les autres articles



La guerre du kif                                    Edito : les autres articles
Deux tonnes de drogue récupérées en deux jours, la semaine dernière, à Tindouf, non loin de la frontière avec le Maroc, ce qui porte la quantité saisie en deux jours à près de 4 tonnes uniquement pour la région ! Généralement, les prises aussi importantes ont lieu plus au Nord, dans la région de Tlemcen : un peu plus d'une tonne depuis le début du mois en cours. Les chiffres rendus publics par les Douanes et les garde-frontières laissent supposer que l'on assiste à un afflux massif de kif en provenance du Maroc. C'est qui est des plus inquiétants, parce que le territoire national n'est plus considéré exclusivement comme une zone de transit, de passage de cannabis en direction de l'Europe et du Moyen-Orient.
Non plus exclusivement du kif marocain, puisque les récentes saisies de cocaïne au port d'Alger et dans d'autres villes de l'Est accréditent la thèse que les narcotrafiquants ont jeté leur dévolu sur l'Algérie pour acheminer vers l'Europe surtout la drogue en provenance d'Amérique latine et débarquée généralement dans les ports d'Afrique de l'Ouest. La récente saisie au port d'Alger indique, sans doute, que les réseaux de trafiquants essayent de diversifier leurs «voies d'accès» vers l'Europe et, accessoirement, alimenter la consommation intérieure en passant par l'Algérie. D'autant plus que la région du Sahel, qui a été depuis le début des années 2000 la plaque tournante du narcotrafic transcontinental, est actuellement, avec la crise malienne, au centre de turbulences régionales et de rivalités qui risquent de perturber l'activité de ces réseaux criminels.
Mais il reste que l'un des grands «débouchés» du kif marocain est l'Algérie, ce qui se vérifie chaque jour au regard de l'augmentation continue des saisies qui, d'ailleurs, ne représentent qu'une infime partie des quantités écoulées sur les réseaux criminels transnationaux de drogue d'origines diverses qui se livrent ainsi une concurrence farouche.
Tout ceci ajouté à la lutte et la répression contre les narcotrafiquants et les réseaux de blanchiment sur le vieux continent, comme l'ont montré les dernières opérations de police en France, en Espagne et en Suisse, fait que l'Algérie et sa jeunesse sont devenues une cible privilégiée, avec la bénédiction du makhzen marocain qui voit là une opportunité pour l'écoulement du kif produit dans le Rif.
Plus grave encore : rien n'est fait de l'autre côté de la frontière pour contrer cette activité criminelle contre l'Algérie et les ravages provoqués par le fléau de la drogue sur sa jeunesse.
Plus qu'une offensive criminelle, c'est sans doute à une guerre du kif que l'Algérie doit faire face aujourd'hui, et ce, d'autant que le Maroc et son makhzen ont perdu du terrain sur d'autres plans : diplomatiquement avec la question sahraouie d'abord, intérieurement avec une économie en berne boudée par les investisseurs internationaux. Imputant ces revers à l'Algérie, comme à l'accoutumée depuis des décennies, l'occasion est donc toute trouvée pour le palais royal et le makhzen de se «venger» de l'Algérie et de désamorcer ainsi la contestation interne qui couve dans le royaume.


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