Algérie

La guerre des chiffres


La guerre des chiffres
Les jeunes chômeurs attendent beaucoup du futur présidentLes hommes politiques aiment à jouer avec le taux de chômage dans le pays. Les statistiques de ce phénomène commun à toutes les sociétés, émanent, tantôt d'une source officielle, tantôt d'une source non gouvernementale, le plus généralement d'un parti politique d'opposition; c'est que ce thème est une véritable arme que manipulent les tribuns aux fins de convaincre un auditoire qu'ils courtisent.Rappelons que les statistiques concernant le chômage jouent au yo-yo au vu des différentes versions. De 30% ou 25% au tout début des années 2000, le taux finit par dégringoler pour se fixer sous la barre psychologique des 10%, à fin 2013. Autant dire qu'il y a là matière à pérorer pour les candidats en lice pour la présidentielle du 17 avril prochain. D'aucuns peuvent d'ores et déjà avancer que ces derniers sont en passe de s'adonner à une véritable guerre des chiffres sur ce chapitre sensible.Le terreau de ce fléau social est entretenu soit par une déperdition scolaire galopante soit par l'absence de débouchés valables pour les milliers d'universitaires qui quittent chaque année les amphithéâtres des campus algériens.Notons qu'à quelques mois de la date butoir du 17 avril, nombre de syndicats, notamment ceux de l'éducation, sont montés au créneau, brandissant à l'occasion la menace d'une année blanche. Les syndicalistes de la santé alimentent pour leur part cette grogne sociale, alors que les homme, de la garde communale (haress el baladi) ont préféré surseoir à leur action pour l'après-avril. En somme, ces cris de colère sont souvent motivés par la crainte de la précarité.Une précarité induite par l'absence de statut clair pour nombre de professions.Les travailleurs bénéficiant d'une mesure d'emploi jeune ont eu récemment à manifester dans la capitale. Ils ont de nouveau dénoncé l'incertitude qui mine leur avenir professionnel.Ces jeunes diplômés embauchés sous contrat à durée déterminée, dans le cadre du fameux dispositif pré-emploi, en échange d'avantages fiscaux pour leurs employeurs, ont réclamé la liberté et une justice sociale. Car pour certains d'entre eux, les contrats arrivent à terme et nombre d'entre eux craignent de revenir à la case départ: le chômage.Ali Fawzi Rebaïne«Afin de réaliser la justice sociale, il faut qu'il y ait un changement au sommet, donner une chance à la génération future et faire confiance à ma personne et à mon programme qui constitue l'alternative» martèle Fawzi Rebaïne.Selon lui, les projets de développement contenus dans son programme électoral sont à même d'éradiquer le chômage, notamment à travers une refonte des assemblées élues qui auront la tâche de créer des postes d'emploi en mettant sur pied des entreprises, selon la spécificité de la région. Ce candidat promet une «justice sociale», en offrant une chance à la jeunesse, celle d'occuper des postes de responsabilité. «Je m'engage à instaurer, si je suis élu président, une justice sociale en donnant une chance aux élites composées essentiellement de jeunes, celle d'occuper des postes de responsabilité» assure-t-il.Abdelaziz BouteflikaLe candidat indépendant Abdelaziz Bouteflika met en avant le langage des chiffres pour étayer son programme en matière d'éradication du chômage. Une enveloppe de 360 milliards DA a été dégagée pour la période 2010-2014, en vue de poursuivre la lutte contre le chômage, notamment dans les rangs des jeunes de 16 à 24 ans durement touchés par le problème et particulièrement les diplômés des différents instituts universitaires et de formation. Selon les chiffres officiels, sur le budget dégagé à cet effet, 150 milliards DA sont destinés à l'appui de l'insertion des diplômés universitaires dans le cadre des programmes de formation et de qualification, 80 milliards DA en soutien à la création de micro-entreprises et de micro-activités et 130 milliards DA pour les dispositifs d'emploi d'attente.Louisa HanouneLa première dame du PT a affirmé être «l'alternative réelle» au système du «parti unique», et a promis un développement économique capable de résorber le chômage à travers une «révision de la politique de l'emploi», ainsi que la redynamisation de l'agriculture. A l'actif de Louisa Hanoune, figure l'instauration d'une indemnité chômage de l'ordre de la moitié du Smig.Cela constitue, pour elle, «un facteur d'ordre» pouvant calmer les esprits des jeunes, en quête d'un emploi stable. Elle milite également pour la réouverture de près de 1200 entreprises publiques fermées dans le sillage de l'ajustement structurel et du rééchelonnement de la dette. Elle compte aussi instaurer une prime de chômage qui, outre qu'elle permettra de sauvegarder la dignité des jeunes demandeurs d'emploi, notamment pour les diplômés d'entre eux, obligera les pouvoirs publics à créer des postes d'emploi pour se dessaisir du poids pesant de cette prime à multiplier par des milliers, voire des millions de fois.Abdelaziz BelaïdLe candidat Abdelaziz Belaïd parle d'abord, aux jeunes. Ce credo en dit long sur son intention de donner la part belle à la génération montante. Il est contre la politique d'achat de la paix sociale à tout prix et encourage le retour à l'agriculture. «Mon programme est un projet de société. Je ne suis pas de ceux qui promettent des programmes virtuels» soutient-il en promettant de soutenir l'agriculture et le secteur agroalimentaire encourageant le privé à investir davantage, via des mesures «incitatives» pour la création d'emplois au profit des jeunes afin de leur permettre de créer, à leur tour, leurs propres entreprises.Belaïd Abdelaziz s'engage à établir des mécanismes indépendants, chargés de suivre et d'évaluer régulièrement les différentes étapes du processus d'emploi et son organisation. Il s'agit aussi pour lui de «réhabiliter et redynamiser» l'Observatoire national pour l'emploi et de mettre en place une médiation bancaire spécialisée dans les crédits afin d'aider à la création des petites et moyennes entreprises.Ali BenflisCe candidat à la présidentielle de 2014 dévoile son programme «jeunesse», qu'il considère comme la «force vive» du pays et évoque «le sursaut productif qui fera entrer l'Algérie dans l'ère de l'économie diversifiée». «Notre projet contient de nombreuses dispositions, l'une des plus importantes étant l'encadrement et l'accompagnement des jeunes dans la création et le développement de leurs projets professionnels privés» explique Benflis qui cite la création de micro-entreprises. La lutte contre le chômage se fera à travers le développement de l'agriculture, l'industrie et le tourisme. Note Benflis, qui consent aux investisseurs une réduction des charges sociales. Il encourage l'investissement dans tous les secteurs, à travers la prise de mesures incitatives comme la réduction des frais de l'électricité, la réduction des impôts et la facilitation des crédits bancaires. Les patrons ne pourront que lui renvoyer l'ascenseur, en procédant au recrutement de la force de travail.Moussa TouatiLe patron du FNA invite les jeunes à investir dans des entreprises économiques familiales. Ce candidat estime que l'agriculture et l'élevage, dans les zones rurales et pastorales pourraient constituer un moyen de lutter efficacement et durablement contre le chômage et par conséquent anéantir la pauvreté. M. Touati recommande aux jeunes universitaires de mettre leur savoir-faire au service de l'Algérie, soulignant qu'il a toujours appelé à investir dans «l'homme et la ressource humaine qui restent une richesse impérissable et inestimable». Il préconise par ailleurs la construction d'espaces commerciaux pour résoudre les problèmes économiques, dont le chômage qui sévit dans certaines villes du pays, à l'image de Ghardaïa.


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