Algérie

La guerre de l'or bleu



Nous sommes en 2001. Grave pénurie d'eau à l'échelle de tout le pays, conséquence d'une sécheresse exceptionnelle. Alger était particulièrement touchée par cette pénurie. Les raisons de la situation catastrophique ne sont pas à chercher seulement dans les conditions climatiques. Le niveau de mobilisation de l'eau de surface et de la nappe phréatique était en deçà des besoins réels des populations. Cet état de fait est prioritairement la conséquence de l'absence d'investissement de l'Etat dans les infrastructures hydrauliques à même de constituer un réservoir national digne de ce nom. Le désinvestissement est lui-même la conséquence de la grave crise économique, puis sécuritaire traversée par l'Algérie durant les années 90. Plus de 20 ans plus tard et des dizaines de milliards de dollars investis dans d'immenses infrastructures hydrauliques, à l'image du barrage de Beni Haroun, le pays retombe dans le même piège du stress hydrique. Les investissements étaient plus que nécessaires à l'époque. D'ailleurs au fil des ans, les Algériens ont vu leur dotation du précieux liquide s'améliorer jusqu'à atteindre le H24 dans de nombreuses villes. Mais il semble que l'effort colossal accompli par l'Etat n'ait pas suffit à résister au nouveau cycle de sécheresse qui nous ramene au point de départ, avec des dizaines de barrages presque vides, une nappe phréatique surexploitée et des usines de dessalement d'eau de mer sous-dimensionnées au regard de l'ampleur de la sécheresse que traverse toute la région d'Afrique du Nord. L'explication scientifique à ce qui arrive aux Algériens existe. Il s'agit du réchauffement climatique dont les effets sur la rive sud de la Méditerranée sont particulièrement importants. Mais l'explication ne suffit pas pour répondre à cette catastrophe annoncée. On ne peut pas concevoir de vivre avec de moins en moins d'eau dans une région classée par l'ONU comme semi-aride et dont la dotation moyenne en eau est très largement en deçà des normes mondiales. On ne peut d'autant plus concevoir une existence avec pareille condition, lorsque la population concernée compte plus de 44 millions d'âmes, appelée à gonfler jusqu'à 50 millions dans une échéance très courte. Le pari que doivent prendre les Algériens est de faire de l'eau un facteur de développement aussi stratégique, sinon plus que le pétrole. À la guerre énergétique, dont l'Algérie a été épargnée grâce à ses ressources, succèdera celle de l'eau. Il s'agira donc de bien se préparer pour ne pas la perdre. Des régions entières de la planète vont en souffrir. Des migrations gigantesques sont plus que probables. Dans ce scénario qui peut paraître apocalyptique, mais objectivement envisagé par les scientifiques et les politologues de tous bords, les guerres seront féroces. L'enjeu pour l'Etat est d'en préserver le pays. La solution passe momentanément par le dessalement d'eau de mer. Mais ce n'est pas la panacée. Ce que l'Algérie est appelée à développer, c'est une sérieuse recherche scientifique pour préparer au mieux le pays à faire face à une situation d'une implacable difficulté.


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