Algérie

La guerre contre la tristesse



La guerre n?est pas un jeu d?enfant. Et pourtant, pendant que les militaires et gendarmes repoussaient une attaque terroriste à Yakouren, deux enfants étaient tués dans un attentat à la bombe, à l?intérieur d?une salle de jeux de Barika. Le motif de cet attentat est à vérifier, mais on le sait déjà, la guerre ne se fait pas uniquement sur le terrain. Dans la société algérienne, les jeux sont encore suspects, de même que le cinéma, les concerts de musique, les mariages joyeux, la littérature de fiction, les bars, les expositions de peinture et de photographie, le parapente, le billard, la mode, le MP3, la plage ou la derbouka, tous porteurs d?une joie et expression coupable, vecteurs de loisirs et de plaisir, deux notions totalement suspectes dans une société qui fait semblant de croire à la pureté et à l?austérité. On est loin bien sûr des temps protohistoriques où la cocotte-minute, le chardonneret en cage et le sifflet de l?arbitre étaient tenus pour alliés stratégiques du diable, mais rien n?est fondamentalement réglé dans la tête des Algériens. Si le projet en cours est connu, celui d?une société de petits soldats de bois mort sous contrôle, réunis au sein d?un troupeau de clones islamo-nationalistes sous l?égide d?un seul chef caractériel, berger le jour et malade la nuit, l?autre projet proposé est toujours en lice dans la grande compétition. Lequel ? Un Etat islamoïde, où les hommes, seuls dans des rues tristes et fermées à toute autre activité que le commerce, se tiennent tendrement par la main, errant de mosquée en mosquée à la recherche de l?absolution finale. Trop de religion tue la religion. Mais par consensus mou, par crainte, pour faire comme les autres ou simplement par ennui, beaucoup d?Algériens et d?Algériennes sont prêts à accepter ce mode de vie. Tout le problème est là. Après, on peut tuer des enfants qui jouent.
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