Algérie

La guerre aux "couacs diplomatiques"



La guerre aux
Le président Bouteflika recevant le chef du gouvernement tunisien Habib EssidLe président François Hollande a fait une entorse au protocole et dévalé les escaliers du perron du Palais de l'Elysée pour recevoir ses hôtes.L'empressement du chef du gouvernement tunisien de démentir les propos attribués à son ministre de la Défense sur le prétendu rôle de l'Algérie dans le développement du terrorisme dans son pays et les excuses présentées officiellement par le ministre français des Affaires étrangères pour la fouille au corps imposée au ministre de la Communication, remettent les pendules à l'heure dans les relations entre l'Algérie et ces deux pays, qui avaient fauté quelques jours avant la tenue des deux commissions mixtes à Alger et Paris. Ce retour à l'ordre des choses après des «couacs diplomatiques», renseigne sur la pertinence de la diplomatie algérienne qui a su trouver le ton, les moyens et l'action qu'il fallait pour signifier à ces deux pays leurs limites, sans créer un quelconque incident susceptible de nuire aux intérêts de l'Algérie. En effet, autant la Tunisie constitue la profondeur sécuritaire de l'Algérie, autant la France passe pour être un partenaire idéal pour le rattrapage économique. En fait, sur les deux tableaux l'Algérie a manoeuvré avec brio et apporté des ripostes magistrales. Il faut dire qu'en ce qui concerne l'incident d'Orly, les excuses présentées par Laurent Fabius, en pleine conférence de presse, était l'aboutissement d'un travail «d'orfèvrerie diplomatique» conduit par le président de la République et brillamment mis en oeuvre par le ministre des Affaires étrangères. L'un des signes les plus éclatants du succès de la démarche algérienne, tient à la qualité de l'accueil réservé à Ramtane Lamamra et Abdessalem Bouchouareb par le président François Hollande qui a fait une entorse au protocole et a dévalé les escaliers du perron du Palais de l'Elysée pour recevoir ses hôtes. Une marque de respect très rare dans les annales de la République. De plus, la séance de travail qui a précédé la réunion de la Commission économique algéro-française (Comefa) a été présidée, côté français, par le président lui-même. Une autre spécificité qui fait dire aux observateurs des relations algéro-françaises, toute l'importance qu'accordent les plus hautes instances de ce pays au partenariat avec l'Algérie. La grande sollicitude qui a entouré les ministres algériens tranche franchement avec le regrettable incident de l'aéroport d'Orly. Elle le fait même complètement oublier, tellement l'Etat français a montré de grandes marques de respect et d'amitié. Il faut dire que la réaction énergique et très ferme du gouvernement algérien à la suite de la fouille au corps imposée au ministre de la Communication, Hamid Grine, et la convocation de l'ambassadeur français en Algérie a donné le ton de la détermination du gouvernement algérien à un traitement d'égal à égal et au respect des us diplomatiques en vigueur, ce qui a amené les responsables français à s'assumer et revenir à un comportement acceptable. Le génie diplomatique algérien a consisté dans le maniement d'un langage dur, mais tout en montrant la voie et les intérêts de la France et de l'Algérie. Le message est très bien passé et François Hollande, qui fait face dans son pays à un lobby anti-algérien, a compris l'enjeu et réagi en conséquence. Les observateurs, tant français qu'algériens, déduisent de la riposte algérienne et de la réaction française une grande complicité entre les deux chefs d'Etat et une réelle volonté de déjouer tous les pièges susceptibles d'entraver le rapprochement entre Alger et Paris. Les deux présidents comme d'ailleurs les opinions publiques française et algérienne, n'ont pas manqué de noter la proximité entre l'incident d'Orly et la tenue de la Comefa. La réussite de cette rencontre est donc une victoire des deux Etats, contre le lobby anti-Algérie en France. En plus de cette démonstration de grande maîtrise des us diplomatiques de la part de l'Algérie en direction de la France, la manoeuvre moins «publique» envers la Tunisie a apporté également ses fruits, au regard de l'insistance des officiels tunisiens à communiquer sur la base de drones américains installée en Tunisie et surtout sur la parfaite coordination entre les deux armées, algérienne et tunisienne. Le chef du gouvernement tunisien, dont l'Exécutif traîne quelques manquements sur le principe du bon voisinage, a multiplié les expressions d'amitié entre les deux peuples. Il est vrai que dans l'attitude de l'Algérie, qui a soutenu la Tunisie à bout de bras et a empêché l'effondrement de l'Etat, il y a un réel souci de préserver le peuple tunisien d'une descente aux enfers. Cependant, les autorités de ce pays n'ont pas fait montre d'honnêteté. De Moncef Merzougui qui a agi en suppôt des Qataris, jusqu'à, Béji Caïd Essebsi qui a conclu un accord stratégique avec les USA sans consulter l'Algérie, en sus des petites phrases assassines, les dirigeants tunisiens ont pêché par un occidentalisme qui n'arrange pas les intérêts de la Tunisie. Cela sans oublier l'invitation adressée à Nicolas Sarkozy, qui a eu une déclaration inopportune envers l'Algérie. Déclaration reprise par le ministre tunisien de la Défense. Bref, il y a eu récidive dans les attaques contre l'Algérie. Les petites «rebellions» stupides des responsables tunisiens ont été reçues par un froid tout «diplomatique» de la part de l'Algérie, de sorte que le gouvernement de Béji Caîd Essebsi comprenne ses limites et revienne à sa véritable place. La 20e session de la commission mixte algéro-tunisienne était une occasion pour rappeler aux responsables tunisiens leurs «dérapages» et les conséquences qui pourraient en résulter. En fait, en deux jours l'Algérie a repris l'initiative et montré tout son poids à ces deux alliés majeurs. La France, où vit une communauté de 4 millions d'Algériens, les relations historiques, la densité du partenariat économique et commercial, constitue un partenaire incontournable. De même pour la Tunisie, avec laquelle l'Algérie partage une longue frontière et un passé fait de solidarité mutuelle, en sus d'être sa profondeur sécuritaire.




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