Algérie

La guéguerre par le foot


La guéguerre par le foot
Que s'est-il passé exactement mercredi dernier au stade 5-Juillet ' La question aurait plus à voir -pardonnez la tendance «conspirationniste» de l'auteur de ces lignes- avec un probable complot ourdi mais avorté qu'avec le comportement incivique et irrespectueux de dirigeants et joueurs du vieux club algérois, pourtant chanté et célébré comme une vieille école de nationalisme. Le problème avec un club phare comme le Mouloudia d'Alger, parangon (généralement) de vertu sportive, aura plus de mal que n'importe quelle autre équipe à se faire pardonner l'outrage infligé en son nom à un très large public, et pas seulement celui dit sportif, largement présent dans quasiment toutes les régions d'Algérie. Tout comme, d'ailleurs, l'USMA -en termes d'estime nationale-, son adversaire de ce jour qui restera (ce jour, pas l'USMA, Ndlr) de triste mémoire et au cours duquel l'un des deux meilleurs parmi les meilleurs devait remporter le trophée dans le fair-play et avec le sentiment mérité d'avoir émerveillé la galerie et offert de splendides images aux millions de téléspectateurs qui ont suivi la rencontre.
Comme le fait est sans précédent dans les finales de Coupe d'Algérie, la première tentation serait donc de se mettre à chercher l'anguille placée sous roche par des clans, des groupes, des partis, des forces occultes agissantes (sic) qui auraient dépouillé le finish cérémonial d'un message politique qui devait être délivré en grande pompe. Tout le monde comprendra de quel type de message il pourrait s'agir. La politisation du football, pratiquement partout dans le monde, est l'une des tendances prise par le sport roi, corrélée et aggravée par sa «mercatolisation», pardon, mercantilisation. A se fier aux rumeurs et aux ragots, aux demi-vérités susurrées et aux grandes man'uvres en mouvement, n'y trouverait-on pas, réunis, assez d'ingrédients pour une action de manipulation de foule à inscrire forcément dans la perspective d'avril 2014 ' Paraphrasant le général prussien Clausewitz, un anonyme a écrit, un jour : «Le football est la poursuite de la guerre par d'autres moyens.»
Les Algériens le savent, leur football ne brille plus de ses feux de naguère, un terrible pourrissement le ronge en profondeur. Quant à espérer qu'il redevienne une école de civisme, de citoyenneté et de surpassement sportif, c'est un v'u qui paraît pieux pour l'immédiat. Alors, «football, opium de l'électeur» (') «on se shoote comme on peut», comme le dit très pertinemment le chansonnier et animateur Jacques Mailhot. Heureusement que chez nous, toute spéculation mise à part, il ne viendrait à personne l'idée de reproduire l'exemple très mal inspiré de ces Egyptiens qui avaient prévu, en 2010, de remonter de Khartoum vers le Caire auréolés d'une victoire qu'ils auraient arrachée contre l'Algérie au cours d'un match historique décisif pour la Coupe d'Afrique des nations.
Une longue procession chantante et dansante, conduite par les fils Moubarak, devait alors galvaniser la foule, et l'excitation chauvine nationaliste faisant demander au Raïs de rempiler. Seulement, c'est l'Algérie qui avait gagné, ce jour-là. Le football, finalement, est un peu comme les baïonnettes des militaires : il ne faut jamais asseoir un pouvoir dessus.
A. S.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)