Algérie

La grippe porcine inquiète les ministres arabes: La Mecque de tous les dangers



Une annulation pure et simple du pèlerinage paraissant exclue malgré les inquiétudes liées à la propagation de la grippe A(H1N1), les ministres arabes de la Santé, réunis au Caire sous l'égide de l'Organisation mondiale de la santé, se sont entendus sur une série de mesures préventives. Pas d'interdiction générale, mais des mesures ciblées ont été préconisées. Il s'agit d'interdire de pèlerinage les enfants de moins de 12 ans et les personnes âgées de plus de 65 ans, et tous ceux qui souffrent d'une maladie chronique. Les restrictions ont été annoncées alors que l'Organisation mondiale de la santé évoque une propagation de la grippe porcine qui « s'approche de 100 % ». Selon le porte-parole de l'OMS, Gregory Hartl, 160 des 193 Etats membres de l'organisation sont touchés et le nombre de personnes décédées dans le monde du fait de la grippe A(H1N1) est de près de 800. Le sentiment de psychose qui se répand contraste néanmoins singulièrement avec le fait que l'écrasante majorité des personnes touchées par le virus se rétablissent, même sans traitement médical, une semaine après l'apparition des premiers symptômes. Il est clair que les 800 personnes mortes dans le monde ne constituent pas un élément alarmant. Même la « banale » grippe saisonnière entraîne des décès. S'en tenant aux faits, le porte-parole de l'OMS déclare qu'on ne sait pas « comment le virus changera dans le futur. Pour le moment, nous n'avons observé aucun changement dans le comportement du virus ». Si la psychose paraît, au regard des éléments scientifiques disponibles, exagérée et sert bien les intérêts des laboratoires pharmaceutiques, le cas de la Mecque semble particulier.

 

Principe de précaution

 

 Durant la Omra, en période du Ramadan, et le Hadj, on se retrouve avec une grande concentration humaine de personnes venues de tous les horizons dans un espace réduit et parfois clos (mosquée). Les ingrédients d'une propagation du virus sont dès lors réunis. En décidant que les personnes à risque ne seront pas autorisées à venir aux Lieux Saints, les ministres arabes prennent une mesure de précaution qui relève du bon sens. La Omra durant le Ramadan et, principalement, les dix derniers jours du mois, connaît depuis ces dernières années un afflux considérable. Le « petit » pèlerinage atteint durant cette période (Août-septembre pour cette année) les records d'affluence du grand pèlerinage (fin novembre). Le pèlerinage, petit ou grand, se déroule dans une promiscuité qui favorise la propagation des virus. Empêcher les personnes à risque d'être présentes se justifie amplement. On essaye de limiter les dégâts sachant que les personnes bien portantes, au vu des données connues, résistent bien même si elles n'ont pas bénéficié d'un traitement médical. Les mesures arrêtées par les ministres arabes de la Santé et les experts de l'OMS doivent être entérinées par les pays concernés. Elles feront nécessairement des mécontents dans des sociétés où existe une certaine forme de fatalisme et où l'idée de mourir à la Mecque est considérée comme une bénédiction.

 

Un mufti à la rescousse



 Le Mufti de la république en Egypte, Ali Gomaa, est venu à la rescousse des ministres de la Santé en déclarant que ceux qui n'obtempèrent pas aux mesures qu'ils ont décidées failliraient à leur devoir religieux et seraient des pécheurs. Il a invoqué la règle religieuse qui veut que « l'impératif de prévenir les dommages prime sur la quête de bénéfices ». En réalité, ces mesures de restrictions vont s'imposer à tous, si l'Arabie Saoudite, comme on s'y attend, les ratifie. Le directeur régional de l'OMS pour le Proche-Orient, Hussein Gezairi, s'attend d'ailleurs à ce que le gouvernement saoudien entérine les mesures. « Le gouvernement saoudien appliquera ces restrictions et personne n'obtiendra de visas s'il ne respecte pas ces mesures ». L'Egypte a déjà recommandé aux personnes vulnérables dont les femmes enceintes de ne pas aller à la Mecque cette année. La Tunisie a décidé de maintenir la suspension de la Omra... en attendant de décider pour le pèlerinage. Il reste que pour le principal concerné, l'Arabie saoudite, il est hors de question d'annuler les grands rendez-vous religieux.




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