Algérie

La grippe



Le monde animal semble pris par un désir de vengeance contre le mépris des Hommes envers lui. Après les pigeons et la grippe aviaire, voilà les cochons et la grippe porcine. Chaque espèce se prononce le moment voulu et développe un virus spécifique par mutation virale. Comme si la grippe saisonnière ne suffisait plus. A chaque apparition d'une nouvelle forme, on préconise d'abord l'hygiène, ensuite les masque et enfin les vaccins. L'hygiène est une affaire de tous les jours pour ceux qui en ont les moyens. Le comportement humain y compris vis-à-vis de la santé est une affaire de culture sociale et de sensibilisation continue. Se laver particulièrement les mains, plusieurs fois par jour est un problème réglé pour les prieurs et par les ablutions. Sauf qu'il faut utiliser à chaque fois des produits auxquels nous ne sommes pas habitués et qui coutent très cher. L'eau n'est pas disponible partout, en tous cas pas dans toutes les écoles contrairement à ce que montre la « non-télévision », qui nous sert de chaine nationale et le port du masque peut être risible dans notre société, qui sait tourner en dérision n'importe quelle situation, aussi sérieuse soit-elle. Qui commencera en premier pour donner l'exemple ? Certainement pas le Ministre de la Santé, qui est aussi celui de la population. On voit mal Barkat masqué sans provoquer le rire d'abord de ses camarades de classe sociale, en plein Conseil des ministres. Le masque donc, celui de la prévention ne sera pas porté comme dans certains pays asiatiques, qui le portent déjà, pour se protéger contre la pollution. Chez nous, les masques sont naturels et nous nous en servons comme visage. Par contre, on a bien vu Barkat se faire vacciner, signe que le fameux vaccin est enfin arrivé. La rumeur fondée ou non sur les effets secondaires persiste bien que le biceps piqué de notre ex ministre du PNDA ait témoigné en direct via l'image télévisuelle, qu'il n'y a aucun danger. Première réaction d'une vieille dame diabétique qui croit en Dieu au point de refuser le vaccin : « qu'est ce qui prouve qu'il s'agissait bien d'un vaccin et non pas d'insuline » ? Deuxième réaction d'un homme politique qui attend sa nomination au prochain gouvernement : « il n'e s'agit pas de vaccin mais de quelque chose d'autre qui permet de se débarrasser de Barkat pour un certain temps et donc de le libérer pour incapacité physique, seule solution ». Troisième réaction d'un inspecteur des impôts : « on a injecté à Barkat le sérum de vérité. Il va se mettre à parler et nous allons enfin savoir où est parti l'argent de l'agriculture sous son règne, l'argent des médicaments sous son autre règne, la liste des agréments des importateurs et de leurs commanditaires sous ses deux règnes ». Quatrième réaction d'un Harrag converti : « il s'agit de l'eau de mer, je l'ai reconnu quand le Ministre a fermé les yeux. J'ai appris à lire dans les yeux fermés depuis que ma chaloupe a chaviré du côté de Rechgoune ». Cinquième réaction d'une journaliste de « hizb frança » : « on n'a pas vu l'aiguille plantée dans la peau de Barkat, mais seulement un frottement de son bras d'ancien boxeur par un médecin à l'aide d'un coton sec et la chemisette en plein hiver prouve que l'image est ancienne. Cela prouve soit qu'il s'est fait vacciné en été pour nous devancer comme d'habitude, soit qu'il a des bouffée de chaleur ». La rumeur reste donc fondée et le nombre de doses importées risque de périr dans les officines et autres institutions hospitalières. D'ailleurs cette rumeur a été importée en même temps que le Tamiflu. Sacré cochon qui nous a imposé sa loi de la prévention et qui nous est parvenu du lointain continent du Titicaca. En quoi sommes –nous concernés, nous, qui vouons au cochon une haine religieuse ? Nous n'avons plus qu'à garder l'espoir que dans cette transmission des virus entre animaux, notre mouton soit préservé. Faute de quoi, nos fêtes ne serons plus ce qu'elles étaient et nous risquons une catastrophe culinaire sans précédent. Une de plus. Et comme les laboratoires sérieux qui pensent à l'Humanité tout comme ils pensent à leurs énormes profits, se trouvent dans des pays où la consommation du mouton n'est pas forcément la plus importante, ils risquent de nous laisser mourir de n'avoir pas suffisamment développé la recherche scientifique. La grippe ovine n'aura alors qu'une solution, celle de voyager beaucoup et en grand nombre, dès les premiers symptômes pour la transmettre au monde entier. Ainsi nous aurons produit un virus pour importer ensuite d'autres vaccins. Comme d'habitude On parlera de nous comme on parle actuellement des mexicains et nous servirons de terrain d'expérimentation dans autre chose que la corruption. Pour une fois. Pour une fois la grippe nous fera plus de bien que de mal, même si nous devons tous périr.








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