Algérie

La grève des greffiers se poursuit et s'étend à l'ouest du pays



En l’absence de toute volonté de dialogue, les tribunaux restent paralysés… Au troisième jour de grève, les greffiers sont plus que jamais «décidés» à poursuivre leur mouvement de protestation «tant que les autorités ne prennent pas en compte» leurs revendications. Jeudi dernier, une note a été adressée aux parquets généraux par le directeur du personnel au ministère de la Justice, ordonnant la prise de «mesures disciplinaires» à l’encontre des grévistes. Une décision jugée «extrêmement grave» par les contestataires. «Cela veut dire que le ministère nous pousse à des actions extrêmes au lieu d’ouvrir le dialogue pour juguler la crise», déclare un greffier du tribunal de Sidi M’hamed près la cour d’Alger. Dans cette juridiction, les greffiers ont été «choqués» d’apprendre que le procureur «a fait appel à un huissier de justice» pour faire fonctionner une audience du statut personnel. «C’est un acte grave. Un huissier de justice n’a pas à se substituer à un greffier. L’audience est nulle et non avenue. Elle est tout simplement illégale», proteste un greffière qui exerce depuis près de 20 ans. Pour elle, «c’est du jamais vu, même aux pires moments de la justice algérienne». La décision a suscité la désapprobation des avocats qui, eux aussi, estiment que le parquet «a violé la procédure».
A la cour de Constantine, le climat était très tendu hier. Le recours à la force publique par le procureur général a surpris  les contestataires qui se déclarent «désormais mobilisés plus que jamais». Ils ont dénoncé ce qu’ils appellent «le silence» de la hiérarchie et exigé «le départ» du procureur général. «La réaction du procureur général est inacceptable. On ne répond pas par la violence au droit à la grève», déclare un gréviste. Hier à la cour de Sidi Bel Abbès, toutes les audiences ont été renvoyées à une date ultérieure à cause de l’absence des greffiers. Regroupés à l’entrée de la juridiction, ils rejoignent le mouvement de protestation, tout autant que leurs confrères des tribunaux et des cours de l’Est et du Centre. La contestation se durcit crescendo et paralyse une grande partie de l’administration judiciaire. Le service minimum assuré ne touche que les guichets de retrait des casiers judiciaires et les actes de procédure liés à des délais, comme les oppositions. Les revendications se résument à une «hausse des salaires», «un statut à la hauteur de la mission» des greffiers et des conditions de travail qui «respectent» leur «dignité». Jusqu’à hier en fin de journée, la grève n’a suscité aucune réaction officielle du ministère de la Justice. Entre l’intransigeance des greffiers et le silence de la chancellerie, le justiciable subit de plein fouet la crise. Ils étaient nombreux à avoir exprimé leur «colère» mais aussi leur «crainte» de voir la situation perdurer. «Mon fils est en prison depuis deux mois, il devait être jugé mercredi dernier, mais le procès a été renvoyé à une autre date. Nous attendions que son calvaire prenne fin, mais l’audience n’a pas eu lieu et personne ne nous informe de ce qui va se passer», déclare un père de famille qui vient d’être renvoyé par les policiers du tribunal d’El Harrach. Abondant dans le même sens, un autre citoyen exprime sa «solidarité» avec les greffiers mais juge «inexplicable la décision de bloquer les tribunaux et de retarder la mise en liberté de certains détenus faute de procès». 


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