Algérie

La grève des avocats largement suivie



Répondant à l'appel du bâtonnat national, les avocats ont observé, hier,une grève d'un jour, au niveau de l'ensemble des tribunaux et cours du pays.Cette action de protestation intervient simultanément avec la grèveillimitée entamée depuis quelques jours au niveau des tribunaux de la wilayad'Alger.Le collectif de la défense devrait tenir mercredi, une assemblée généraleextraordinaire en vue «d'examiner les développements de la situation».Entre autres revendications, les robes noires appellent au respect desdroits de la défense et au respect de la dignité de la profession, l'arrêt despoursuites judiciaires à l'encontre de 39 avocats, ainsi qu'une meilleureformation des avocats.Me Dahbi Safia, citée par l'APS, qui s'exprimait au nom du bâtonnat, enl'absence du président du bâtonnat national Me Abdelmadjid Sellini qui setrouvait à Tlemcen pour soutenir un des avocats qui devait comparaître devantle tribunal de Remchi, a dénoncé les conditions «humiliantes» dans lesquellesexercent les avocats et qui, selon ses dires, «les empêchent souvent dedéfendre comme il se doit leurs mandants».Rappelant les entraves rencontrées par les avocats sur le planadministratif, Me Dahbi a mis l'accent sur «l'accès difficile aux documentsnécessaires pour établir la requête de la défense» ou « le retard desconvocations».Abordant le volet formation qui figure en bonne place dans la plate-formede revendications du collectif de défense, Me Dahbi a indiqué que «les nouveauxavocats n'ont pas le niveau requis, la durée limitée à 9 mois consacrée à laformation étant insuffisante». La même interlocutrice a mis en relief le«manque de cabinets d'avocats où les nouveaux diplômés peuvent passer leursstages».Selon les informations, en provenance des différentes wilayas, la grève aété suivie massivement par les robes noires à travers l'ensemble des tribunauxet cours du pays. C'est le cas entre autres à Alger, Oran et Constantine.Ainsi, dans la capitale, toutes les juridictions (tribunaux et cours) ontété désertées par les avocats. Conséquence : la quasi-totalité des affairesinscrites ce dimanche ont été renvoyées sous huitaine ou quinzaine.Des avocats rencontrés sur les lieux ont réaffirmé à la fois leurdétermination à aller au bout de leur action et leur soutien à l'initiativeprise par leurs représentants au niveau du barreau. A cet effet, ils ontréaffirmé les propos tenus par le président de l'Union nationale des barreauxd'Algérie (UNBA), Me Abdelmadjid Sellini, à créer une commission indépendanteafin d'évaluer la réforme du système judiciaire.Les membres de l'union nationale ont affirmé que le ministère de tutellen'a pas répondu à leurs revendications, à savoir «le respect des droits de ladéfense, l'arrêt des poursuites judiciaires contre 39 avocats, et l'octroi d'unespace convenable pour les avocats» dans la nouvelle cour d'Alger (un étagecomplet au lieu de deux salles).Ne s'arrêtant pas au simple constat, l'Ordre des avocats d'Alger comptetenu des difficultés, et au regard des obstacles rencontrés par l'avocat dansl'exercice de son métier, souligne qu'il avait épuisé toutes les voies derecours avant de décider d'aller vers un mouvement de protestation. Contrairement aux autres wilayas, à Boumerdès, l'appel à la grève dubâtonnat national ne semble pas avoir influé sur le cour normal des audienceset des procès se sont déroulés en l'absence de la défense. Ainsi, plusieurs condamnations par contumace ont été prononcées, hier,par la cour de Boumerdès qui a eu à traiter six affaires liées au terrorisme.Tous les terroristes jugés hier sont actuellement en fuite. Des peines allantde la perpétuité à 20 ans de prison ferme ont été prononcées à l'encontre desmis en cause. Pour rappel, bien avant la tenue de cette journée deprotestation, le Bâtonnier national Me Abdelmadjid Sellini en avait appelé àl'arbitrage du président de la République «pour mettre un terme à une situationpréjudiciable à l'Etat de droit». Le bâtonnier d'Alger et président de l'Unionnationale des barreaux d'Algérie, qui s'exprimait lors d'une conférence depresse le 29 mai dernier, s'était livré à un véritable réquisitoire contre lachancellerie à laquelle il a reproché d'avoir confiné la fonction de la défensedans le système de justice, dans le rôle de simple figurant... Me Sellini avaiten outre indiqué que l'option pour la grève et le durcissement des positions dela corporation s'expliquent en partie par le fait que des avocats soientpoursuivis «abusivement». C'est d'ailleurs cet état de fait, avait souligné lebâtonnier, qui a fait que le 10 juin ait été décrété journée de protestation.Date qui coïncide avec le procès de l'un des avocats «accusé de s'être plaintdans l'exercice de sa fonction, contre un juge du tribunal de Remchi».Sur un autre volet, le bâtonnier, lors de cette même conférence depresse, n'a pas hésité à descendre en flammes la réforme de la justice enindiquant qu'»il n'y a pas d'indépendance de la justice» tout en critiquant lesystème judiciaire actuel qui repose sur la vitesse dans le traitement desaffaires. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation, car la justice etles statistiques ne font pas bon ménage.» avait-t-il déclaré en substance.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)