Algérie

La grève de la matraque



La grève de la matraque
Le fait est inédit sous le ciel d'Algérie : hier, à Ghardaïa, des centaines de policiers sont descendus dans la rue. Non pas pour réprimer une manifestation pacifique comme de coutume et "rétablir l'ordre public", mais pour... manifester, protester et revendiquer. Manifester leur colère, protester contre leurs conditions de travail et leur situation socioprofessionnelle et revendiquer plus d'égards, plus de droits. La matraque en grève ! Qui l'eût cru ' Pour une première, c'en est une. Si bien que l'affaire a été très vite prise au sérieux puisque le patron de la police, le général Hamel, s'est rendu sur les lieux toutes affaires cessantes. Sauf que cela ne semble pas avoir réglé le problème, puisqu'en début de soirée, on enregistrait deux morts, suite à de nouveaux affrontements qui, à la faveur du retrait de la police, ont repris dans diverses localités de la région, notamment dans la ville de Berriane.On ne le dira jamais assez : confier aux forces de police la mission de maintien de l'ordre quand, sur les fronts politique et social, on n'a pour objectif que le maintien d'un statu quo coûteux et mortel, et quand on ne propose que des discours, des promesses et des professions de foi, voire des menaces, n'est certainement pas un mode opératoire payant. Le cas Ghardaïa est sans doute unique en Algérie, mais il renseigne assez sur la vacuité des procédés clé en main que le pouvoir applique systématiquement, en tous lieux et en toutes circonstances : la solution "économique" ou "sociale", peu productive, mais toujours sonnante et trébuchante, aux dépens du Trésor public, ou le remède miracle qu'est la matraque qui, au demeurant, n'en coûte pas moins au même Trésor public. À force de tirer sur la corde, elle finit par rompre, c'est inéluctable. Hier, donc, à Ghardaïa, c'est la matraque elle-même qui a décidé de se mettre en grève, quitte à laisser des citoyens s'entretuer. Et, de fait, les citoyens se sont entretués. Une première, oui, mais c'est aussi un précédent grave. Si grave que, par endroits, on ne peut le comprendre ou l'expliquer que par des connivences ou des manœuvres occultes, devenues légion chez nous, dont les auteurs s'en donnent à c'ur joie comme les y autorise un climat national de plus en plus délétère.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)