Algérie

La grève de l'éducation



La grève de l'éducation
Rien ne va dans le secteur de l'éducation nationale. Les grèves initiées par les trois syndicats, Unpef (Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation), Snapest (Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) et Cnapeste (Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique élargi), se poursuit à un rythme soutenu. Une décision du tribunal administratif d'Alger, déclarant la grève illégale, soulève l'indignation des trois organisations autonomeset, avec elles, le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) qui, pourtant, ne fait pas partie du groupe des contestataires, du moins jusque-là, de manière officielle. La décision de justice est suivie, sinon accompagnée de circulaires administratives et de menaces de ponctions sur salaires, voire de licenciements, dans un grand nombre d'établissements, selon des témoignages d'enseignants représentant différentes wilayas du pays. Elles suscitent davantage de mécontentement.A cela s'ajoute «une fetwa»du ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Bouabdallah Ghoulamallah qui aurait déclaré «la grève haram, le salaire des grévistes haram». «De nombreux enseignants nous ont appelés pour que nous prenions une position ferme par rapport à cette déclaration du ministre des Affaires religieuses. Nous ne comprenons pas cette réaction et nous la dénonçons. Le ministre n'avait pas à émettre de fetwa nous concernant ou concernant le mouvement de grève. C'est de l'ingérence dans les affaires des syndicats et de la tutelle et nous ne l'acceptons pas», s'élève Meziane Meriane, porte-parole du Snapest. Cette position, claire, a été publiée sur le site du syndicat et rendue publique aujourd'hui.«Le ministre aurait dû s'occuper uniquement de son département», déclareM. Meriane.La décision du tribunal administratif d'Alger est aussi dénoncée par l'Unpef qui affirme espérer des mesures d'apaisement au lieu de cet «arsenal de mesures répressives». L'Unpef dénonce «l'acharnement» et «les entraves aux libertés syndicales». Après deux semaines de grève, l'organisation autonome ne compte pas s'arrêter là. Elle appelle à la poursuite du mouvement protestataire et à des sit-in, devant les directions de l'éducation des wilayas, mercredi 19 février et un autre national, mercredi 26 février.De son côté, Nouar Larbi, porte-parole du Cnapest, trouve absurde l'instruction du ministère de tutelle, à l'adresse des enseignants, de «rester en classe et surveiller les élèves» durant les jours de grève. «Je fais grève sur cela aussi», a-t-il dit lors d'une conférence de presse. C'est la rupture entre les syndicats et la tutelle. Le courant ne passe pas. Les deux parties campent sur leurs positions. Les parents d'élèves dénoncent «l'entêtement» des uns et des autres, appellent à la sagesse, mais en vain. Leur appel ne trouve pas d'écho. Il y a grand risque que les élèves sortent prochainement dans la rue, non pour exprimer leur colère contre cette grève, mais pour réclamer, encore une fois, ce qu'ils appellent «Ataba», c'est-à-dire un seuil des programmes à réviser. Ils le feront pour la sixième année consécutive. Cette histoire de «Ataba» arrange la tutelle, semble-t-il. C'est pour augmenter le taux de réussite aux examens finaux, notamment le baccalauréat, accusent certains. La situation tend sérieusement vers le pourrissement. Et aux élèves d'en payer les frais comme chaque année. En réalité, toute la société. Le danger est là. Les années à venir le confirmeront.K. M.




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