Algérie

La Grèce est à vendre



L'onde de choc systémique de la bulle financière provoquée par les marchés financiers avant 2008, puis responsable de la récession des économies réelles à l'échelle mondiale est l'un des enseignements fondamentaux à tirer de la mondialisation des marchés financiers, et du commerce ultralibéralisé.
Les puissances économiques de l'après-grande guerre mondiale, et à leur tête les Etats-Unis d'Amérique, peinent à retrouver le rythme de croisière qui était le leur, il y a deux ans. Pas de croissance ou peu, dettes souveraines ou extérieures insoutenables, consommation des ménages en recul, industries autrefois florissantes sous perfusion étatique, délocalisations, chômage en hausse s'inscrivant dans la durée pour des centaines de millions de travailleurs, prolongement de la durée du travail, réduction des salaires, réductions des effectifs dans le privé et la fonction publique, augmentations des impôts, valeurs et guerres artificielles entre les principales monnaies, déficits budgétaires toujours aussi importants, front social en ébullition font que la menace d'une banqueroute généralisée n'est pas à écarter. Les plans d'austérité draconienne retenus en avant-première pour l'Espagne, le Portugal, l'Irlande, la Grèce ou ceux mis en vigueur en interne chez les Américains, les Français, les Britanniques, les Japonais ou les Italiens finiront bien par laminer des populations qui jusque-là ont vécu bien au-dessus de leurs moyens en abusant de crédits faciles destinés à faire tourner des économies dont l'essence est basée sur la surconsommation des ménages. Les différents gouvernements ont également puisé dans l'emprunt au point où la crédibilité des Etats se soit trouvée sérieusement remise en cause, par le fait que le remboursement des dettes était sans cesse différé. Les USA, déjà lourdement endettés, accusant de graves déficits budgétaires, et n'hésitant plus en tant que locomotive de l'économie mondiale à recourir à de nouveaux prêts pour relancer leur croissance, ont largement contribué au gonflement de la bulle et à son éclatement. Les leçons de la crise de 2008 n'ont pas été retenues, mais elles ont été passées en revue dans le but de ne pas répéter les erreurs du passé. Seulement, il se trouve que le fardeau de la dette intérieure et extérieure est de plus en plus lourd à supporter, que la spirale du chômage selon les prévisions de l'OCDE continue à grimper, que la consommation des ménages attendue n'est pas au rendez-vous, et que les rajouts des déficits aux déficits antérieurs ne fait qu'aggraver la situation. En 2008, les pertes des banques étaient estimées à 2 500 milliards de dollars par les experts de Wall Street. Ce chiffre, selon d'autres sources, serait de 3 000 milliards de dollars, soit le double des liquidités inscrites aux bilans. C'est grâce à l'intervention énergique des banques centrales que le pire avait été évité. Aucune réforme du système bancaire n'a été retenue. Les chefs d'Etat des pays du G20 n'ont rien pu faire, sauf refaire confiance aux banques avec la possibilité de puiser encore et encore dans le crédit, au risque de voir la crise se perpétuer et les dettes se creuser indéfiniment. Seuls les multinationales et les banquiers ont tiré profit de la grande dépression économique et financière de 2008. Le défi relevé par les chefs D'Etat des principales puissances financières de relancer la machine économique, hormis la Chine et à un degré moindre l'Allemagne, n'a pas été gagné. Selon les derniers chiffres que rapporte l'Associated Press : le taux de croissance annuel américaine affiche un recul de 1,3% durant le premier trimestre de cette année, d'après le département du Commerce US. C'est le pire chiffre depuis le 1er trimestre 2010, époque où la crise européenne avait ralenti la croissance américaine de 1,7%. Les marchés financiers et la spéculation ne cessent de faire monter les taux d'intérêt au cas pas cas. Ainsi, pour la France, les taux d'intérêt sont de 3,6%, alors que pour la Grèce, ils sont de 30%. La solidarité affichée pour sortir la Grèce du bourbier financier n'est en fait qu'une façade à l'endroit de l'opinion occidentale, car la Banque centrale européenne, qui a pour souci d'éviter un effet de contagion, pour ne pas déprécier l'euro, n'a d'autres choix que ceux d'imposer des plans d'austérité sévères, au point de réduire la population grecque à l'assistance publique pour les plus fragilisés par le système capitaliste. Les Grecs ont fait savoir que leurs infrastructures publiques étaient à vendre. Le port d'Athènes est aujourd'hui la propriété des Chinois. Demain, ce seront les autoroutes, les hôpitaux, les centrales électriques, les sites touristiques, les terres agricoles, les ressources hydriques, l'immobilier, puisque tout est privatisable, pour éviter une faillite complète. Ces offensives de la logique capitaliste ne sont pas le fait peut-être du hasard, étant donné que personne parmi les dirigeants de ce monde ne réclame une mise à plat des comptes financiers, ni la mise en place de remparts pour protéger la souveraineté nationale. Où est passée la souveraineté nationale ' La mondialisation des économies, du commerce et le rôle souverain dévolu aux marchés financiers sont en train de laminer la souveraineté des peuples au profit d'entités politico-financières de plus en plus puissantes. La Grèce est aujourd'hui « à vendre », car il est peu probable que le marché obligataire lui vienne en aide pour permettre aux Grecs de se reconstruire avec le temps. Les banquiers européens, eux-mêmes imbriqués dans la mouvance mondiale des finances refusent, ou le font avec parcimonie, de prêter à des taux réduits, ou nuls à des membres de la Communauté européenne, alors qu'eux-mêmes ont été sauvés en 2009 par l'argent des contribuables à des taux zéro pour se refaire une santé financière. Dans cette histoire l'effet de contagion est plus que jamais réel, au regard des dettes qui s'entassent sur d'autres dettes improductives. Les pays qui ont des économies fragiles seront désormais considérés comme des fardeaux. Hier, l'Europe est allée au secours de l'Irlande, parce que les banques allemandes les détiennent à hauteur de 70%. Il fallait à tout prix que l'Eire honore ses dettes qui étaient arrivées à terme. Le Portugal est aujourd'hui en sursis, l'Espagne sur le fil du rasoir, alors que l'Italie et la France sont sous haute surveillance de la part des marchés financiers, risquant de se retrouver dans la même situation que l'Irlande à très court terme puisque la dette de la France doit être honorée avant la fin du 1er semestre 2011. Parallèlement à ces craintes, d'autres guerres se déroulent entre les puissances économiques, celles des monnaies, alors que Ben Bernanké tente par tous les moyens de faire baisser la valeur du dollar, les Chinois répliquent en sous- évaluant le yuan pour rester compétitif dans les transactions commerciales. L'euro quant à lui a d'autres soucis, celui principalement de la cohésion de l'EU à la fois monétaire et politique. Un euro fort ne saurait s'accommoder de pays qui n'ont pas une diversité économique performante, ni de servir de béquilles à des pays comme la Grèce qui ne dégage l'essentiel de sa croissance que du seul secteur touristique. Pour l'instant, la bataille se déroule au niveau des banques centrales qui maintiennent des taux d'intérêt anormalement bas, comme le faisait Alan Greenspan, l'ex-patron de la FED, jusqu'à ce que la bulle éclate comme une bombe à la face du monde. En tout état de cause , il est vraiment à redouter que les dettes des puissances économiques ne soient que partiellement ou pas du tout remboursées. Dans ce cas, nous pourrions dire bonjour les dégâts, qui frapperont en priorité les pays pauvres, et les pays émergents !


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