Lesnationalisations sont de retour ? Oui : dans leurs tombes archivées ou encorefréquentées par les rediffusions, les grands timoniers du « Tout-Etat» doivent connaître une nouvelle jeunesse, quoique inutile sous la terre où lamort est une affaire privée et non collective. Le « laissez-passer, laisser-faire» est en effet bel et bien mort, ou fortement remis en cause. Et cela faitsourire ce chamboulement de la planète, prise en otage entre deux murs, La ruedu Mur alias « Wall street», vingt ans après la chute du Mur, celui de Berlin. Aujourd'hui donc, ce sontles grandes démocraties anglo-saxonnes, bâties sur le libéralisme et la libertéd'entreprendre, qui se rabattent sur la solution quasi socialiste de lanationalisation, du contrôle de l'Etat, du primat du politique surl'actionnariat privé. De Berlin à New York, l'Occident essaye de sauver songigantesque repas sans reculer devant l'hérésie fondamentale d'un retour à unesorte de communisme de prudence, sans la barbe de Marx, ni le cadavre de Lénine,avec seulement l'idée que pour sauver le pays, il faut reprendre le contrôle del'argent public par le... public. Du coup, sont vite oubliés les médiatiquesprocès faits au Chavisme, second Père fondateur dunationalisme économique et pétrolier et sont vite oubliées les accusationsfaites aux pays dont les économies ont essayé de faire barrage à l'entrisme desmultinationales et la mondialisation à partir d'un seul monde, à l'exclusion detoutes les autres tribus. Dans le tas, avec son génie accidentel, le systèmealgérien a réussi à avoir un magnifique petit rôle secondaire qui fait illusion: celui d'un pays prudent, doué d'une intelligence calme et d'une capacité decalcul invraisemblable. Jugez-en : on a stoppé l'ouverture des capitaux de nosbanques pour des raisons endogènes avec ce bénéfice que l'écroulement desbanques internationales nous donne rétrospectivement tellement raison qu'on ensort avec la réputation mondiale d'astrologues maghrébins très performants. Ilen fut de même pour la décennie 90 « sauvée » par les attentats du 11 septembre,de la loi sur les hydrocarbures révisée quelques secondes avant l'envolée desprix, du cas du CPA et, juste hier, de l'épargne « nationale » misée sur lesbons de trésors Us et pas dans les banques autrefois prestigieuses... etc. Etenfin, aujourd'hui, pour les nationalisations en Occident qui donnent raison àl'Algérie en partant d'aujourd'hui et en remontant jusqu'aux premières annéesdu Boumediénisme.
L'Occidentnationalise à tour de bras donc son économie mais seulement l'économie. Leslibertés restent publiques, les moeurs aussi, la culture et le mode de penséeou de penser comme l'on veut. Ce n'est pas le cas chez nous. La différence estque la doctrine n'est pas totalitaire. Vraiment ? Un peu. Pour le moment. L'époqueest au retour de ce dilemme du paysan russe face à sa misère au début du 19èmesiècle : de belles bottes ou un livre de poésie ? Un repas sauvé ou le respectde la doctrine d'Adam Smith ? La meilleure formule du moment c'est finalement Louiza Hanoune qui l'a eue, elleà qui Wall street donneraison : il y a un an, on nous disait qu'il faut entrer dans la mondialisationpour être sauvé, aujourd'hui on nous dit que nous sommes sauvés parce quel'Algérie vit en autarcie.
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Posté Le : 21/10/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kamel Daoud
Source : www.lequotidien-oran.com