Algérie

La grande exposition «Le Noir et le Bleu» du MuCem de Marseille



La grande exposition «Le Noir et le Bleu» du MuCem de Marseille
C'est une version numérique et itinérante de l'exposition intitulée «Le Noir et le Bleu, un rêve méditerranéen» et présentée à l'occasion de l'inauguration, en juin 2013, du flamboyant Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM) de Marseille.«C'est la première fois qu'elle est présentée à l'étranger et je suis très heureux de venir la montrer ici, en espérant qu'elle va permettre aux visiteurs de cette ville de découvrir d'une façon autre le Mucem», précise Thierry Fabre, commissaire général, qui s'est, juste auparavant, longuement exprimé face à un public nombreux pour expliquer le contenu, mais aussi l'orientation donnée à cette installation contenant des panneaux et trois écrans vidéo faisant défiler des images ou des interventions filmées sur le site de Thierry Fabre, assisté par Anissa Bouayad, une Franco-Algérienne qui a beaucoup travaillé sur l'art pictural. Justement, à ce propos, ce sont des ?uvres de Miro et de Goya, deux grands peintres espagnols, qui on été choisis comme symboles avec, pour le premier, un Bleu qui suscite le rêve et, pour le second, un Noir pour rappeler l'ombre même des lumières.«Quels que soient les désastres, les cauchemars, les violences, le tragique, il ne faut pas oublier la part du rêve qui nous projette dans l'avenir», explique le même commissaire général, pour qui «le fil conducteur de l'exposition reste l'obstination à rêver». On privilégie les regards croisés en se basant sur des sources puisées des deux côtés du «miroir» pour aboutir à une vision plus équilibrée de cette histoire tumultueuse qui a caractérisé et qui caractérise encore les liens entre ces deux régions du monde.Après l'illustration de ce que fut Marseille au XVIIIe siècle, l'exposition nous entraîne dans les imaginaires des différentes civilisations et cultures qui ont pris racine en Occident et en Orient. Le visiteur peut apprécier des extraits de textes d'écrivains ou de penseurs, des tableaux de peinture, des photographies et, quand les images d'époque font défaut, des extraits d'?uvres cinématographiques empruntées à de grandes figures du 7e art que furent par exemple Abel Gance, pour Napoléon (1927), ou Youcef Chahine, pour l'expédition française en Egypte (Adieu Bonaparte sorti en 1985). «Ne jamais être dans un regard unilatéral», tel est le credo, lorsque du côté occidental on a tendance à ne retenir que l'expédition scientifique qui a accompagné, pour le cas de l'Egypte, un projet éminemment guerrier.Quand il fallait tenir compte du regard égyptien, on s'est rendu compte qu'il n'y avait pas de sources visuelles, mais que des textes relatant cet épisode différemment apprécié de part et d'autre existent. Cette façon de procéder donne de la crédibilité à ce travail, y compris quand il s'est agi de relater les épisodes sombres de la colonisation française en Algérie. Thierry Fabre ne se gêne pas d'évoquer certains épisodes graves, telles les «Enfumades du Dahra», commises par le corps expéditionnaire français lors de la première période de l'occupation. «Je ne suis personnellement pas pour la repentance, mais il ne faut pas hésiter à dire les choses», confie-t-il.La période coloniale jusqu'à la guerre d'indépendance de l'Algérie est présentée sous différents angles, en donnant à voir des élites du mouvement national algérien, à l'instar du réformiste Abdelhamid Ben Badis, peu connu de l'autre côté de la Méditerranée. Un des grands symboles de l'Orient reste évidemment l'Empire ottoman et la Sublime porte. Les tentatives de l'affaiblir ont fait, entre autres, émerger la Grèce moderne soutenue par les puissances et les élites occidentales. Hormis le clin d'?il à l'Antiquité qui inspire la modernité occidentale, l'exposition tient également compte des aspects ludiques à l'origine du tourisme, des progrès techniques et, enfin, de la nature des échanges actuels, dont l'émigration, y compris clandestine. Le phénomène qui n'échappe pas là aussi à la nécessité de croiser les regards génère encore aujourd'hui des rapports pas encore apaisés entre les deux mondes. Mais l'espoir est toujours là et le rêve est permis.




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