AÂ Â l'approche de l'Aïd El Adha, Alger se met, au même titre que les grandes mégapoles du pays, au goût du jour des zones rurales. Les maquignons envahissent «précocement» les cités pour écouler au prix fort le mouton engraissé, l'espace d'une année, voire plus. C'est normal, car il s'agit de leur gagne-pain, a fortiori lorsque l'opération participe, on n'en disconvient pas, au rituel millénaire de Sidna Ibrahim El Khalil qu'est le «noussouk». L'on constate aussi que les points de vente aménagés dans les communes pour ce type de négoce prolifèrent au fil des ans. La capitale compte, à elle seule, plus d'une centaine de sites consacrés aux aires de vente, ce qui n'est pas négligeable.
Cela permet de contrôler l'état de santé des ruminants. Soit. Mais le réflexe des pourvoyeurs de cheptel ovin préfèrent défier les textes en vigueur en matière d'espaces réglementés par la wilaya et vous bouffent l'espace urbain, déjà réduit par les petits revendeurs qui échappent à la puissance publique. Cela fait partie du spectacle folklorique d'une ville où le troupeau de moutons se dispute les espaces au tohu-bohu
citadin : trottoirs, aires de stationnement, talus d'autoroutes et culs-de-sac de certaines rues prennent une autre allure. Le cadre bâti de la ville se met à l'heure des crottins et des bottes de foin, parsemant rues et venelles, à la grande joie d'escouades de bambins qui trouvent un malin plaisir à gambader en traînant le bélier maculé au henné. Même certains propriétaires de magasins ne ratent pas l'aubaine pour troquer la raison sociale de leur activité contre la vente des «kbech». Station d'essence, garage, kiosque multiservices (ce dernier porte bien sa raison !), vendeur de fripe et je ne sais quoi encore se transforment en étables, entourés de rémouleurs qui sortent leur machine-outil pour la circonstance.
L'essentiel est de renflouer la gibecière vite et en un temps court ! C'est devenu une mode, sommes-nous tenus de dire. Et au diable les circulaires et arrêtés pondus - revus et corrigés - chaque année par les autorités préfectorales, susurrent les maquignons. Ont-ils tort dans la mesure où la tolérance excessive de la puissance publique est manifeste 'Â Tout compte fait, cette impunité criante ne nous renvoie pas moins à la citation du cardinal de Richelieu :Â «Faire une loi et ne pas la faire exécuter, c'est autoriser la chose qu'on veut défendre.»
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Posté Le : 14/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : M. Tchoubane
Source : www.elwatan.com