Algérie

La grande arnaque MANQUE DE MAIN-D'OEUVRE DANS LES ENTREPRISES DE BÂTIMENT



La grande arnaque MANQUE DE MAIN-D'OEUVRE DANS LES ENTREPRISES DE BÂTIMENT
Il faut améliorer les conditions sociales des travailleurs du secteur pour les attirer vers les chantiers
Où sont passés tous ces diplômés sortis des Cfpa et que l'on compte parmi les chômeurs'
Plus le mensonge est grand, mieux il passe. Pour justifier le recours aux entreprises étrangères, notamment chinoises, pour la réalisation des chantiers surtout du bâtiment, nos responsables nous ressassent une recette éculée: le manque de main-d'oeuvre qualifiée. C'est un mensonge. C'est une arnaque. Prenons l'exemple de la wilaya de Tizi Ouzou qui souffre au même titre que les autres wilayas de ce même problème de main-d'oeuvre. Les chiffres émanant de la direction de la formation professionnelle font état de 5500 maçons et métiers y afférents sortis durant les deux dernières années. Les entreprises du Btph, elles, ne sont qu'à 2250 à activer dans le domaine et ne cessent de crier au manque de main-d'oeuvre. De son côté, l'Ansej, accusée d'avoir vidé le réservoir de main-d'oeuvre par l'octroi des crédits, s'en lave les mains. Les chiffres relatifs à ce point font état, en effet, de seulement 714 entreprises créées dans le bâtiment, 533 dans les travaux publics et 173 dans le secteur de l'hydraulique. Des statistiques qui démontrent que la quantité en question n'est pas en mesure de menacer ce réservoir tant convoité. Mais alors où sont passés tous ces diplômés sortis des Cfpa et que l'on compte parmi les chômeurs'
Lors de l'ouverture du colloque sur le bâtiment qui s'était tenu le 10 avril dernier à Tizi Ouzou, le wali, Abdelkader Bouazghi, a évoqué l'importance de l'instauration d'un climat favorable à l'investissement dans le bâtiment et les travaux publics. Le capital, estimait-il, n'aime pas les turbulences et le développement de tout territoire a besoin pour la concrétisation de ses objectifs, d'un climat favorable à la mise en synergie des efforts de tous. C'est le même appel que lance le président de la Fédération des entrepreneurs de la wilaya de Tizi Ouzou, Mourad Berkane, dans un entretien qu'il a eu avec L'Expression. Il souhaite, de son côté, l'instauration d'un cadre de partenariat entre les entrepreneurs et les pouvoirs publics. En théorie, cette volonté existe, mais elle se trouve confrontée à une réalité amère. Sur le terrain, les choses ne se présentent pas de la même manière. Et, c'est le président de la Chambre de commerce et d'industrie, Mohamed Medjkouh, qui met le doigt là où ça fait mal. Pour lui, la wilaya accuse un grand déficit en outils de réalisation. Sur les 10.500 PME en activité, 2 250 uniquement sont spécialisées dans le bâtiment, soit 24%, alors que la norme nationale en la matière est de 36,5%.
A ce stade, le problème apparaît, mais pas dans toute son étendue. Car le responsable fait ressortir que le nombre d'entreprises dédiées au secteur n'est pas suffisant. En fait, le mal est plus grand. C'est que ces entreprises qui existent ne trouvent pas de main-d'oeuvre pour la réalisation des chantiers lancés.
En effet, sur le terrain, le problème se pose d'une autre manière.
Les jeunes sont au chômage. Ils grognent et ils s'en vont par radeaux en mer au risque de leur vie. De leur côté, les entrepreneurs crient au manque de main-d'oeuvre pour leurs chantiers. Pour se faire une idée précise, nous nous sommes adressés aux jeunes et aux entrepreneurs.
Les plus concernés par ce problème qui ressemble à la question originelle de l'oeuf et de la poule. «Moi, je travaille chez les particuliers. Il y a beaucoup de gens qui construisent. Je n'ai pas besoin d'aller cravacher chez un entrepreneur», affirme Rabah, jeune maçon très convoité par les gens pour son travail de qualité. A l'évidence, ce jeune maçon parle des conditions déplorables dans lesquelles travaille cette catégorie dans le secteur privé du bâtiment.
Il soulève également un autre facteur qui absorbe une grande quantité de main-d'oeuvre qualifiée et de qualité privant ainsi les entreprises d'un riche réservoir. En effet, dans la wilaya de Tizi Ouzou, beaucoup de particuliers construisent eux-mêmes leurs maisons. La main-d'oeuvre est rare surtout depuis que l'Etat attribue des aides à l'autoconstruction.
En effet, dans les milieux des chômeurs, il devient évident que les conditions de travail dans le secteur, essentiellement chez le privé, est un dernier choix. «Si j'ai un sou dans ma poche, je n'irai pas chez les entrepreneurs», jurait un jeune rencontré justement à proximité d'un chantier. «Non, je ne refuse pas de travailler. Mais personne ne peut m'obliger à bosser comme un esclave pour un salaire dérisoire», dira encore un autre.
Une situation qui corrobore les affirmations du président de la Fédération des entrepreneurs de Tizi Ouzou, Mourad Berkane. Celui-ci appelle, en effet, à améliorer les conditions sociales des travailleurs du secteur pour les attirer vers les chantiers.
C'est le même constat qui nous parvient de la direction de la formation professionnelle qui se dit pourvoyeuse de main-d'oeuvre. Selon les chiffres que nous avons pu obtenir de la DFP, ce sont pas moins de 5500 maçons qui sont sortis des différents Cfpa. Une moyenne de 2500 maçons et métiers y afférents sortent des centres chaque année, mais qui disparaissent dans la nature.


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