Algérie

La grammaire des cœurs



La grammaire des cœurs Par grammaire du cœur, on entend la Science du cœur, c’est-à-dire la certitude suprême et la connaissance de Dieu par la vision directe. C’est une prescription légale pour chaque croyant puisque cette grammaire (nahw) doit aboutir à l’effacement (mahw) de tout ce qui voile la vision de Dieu. Le postulat suprême de cette grammaire curative part de ce hadith : ’Chaque ordre de la réalité qui ne commence pas par la Basmala (Au nom de Dieu, Le Clément, Le Miséricordieux)) n’a pas de postérité’, puisque la Basmala est la clé des secrets de chaque sourate du Coran. Elle est l’Imam (conducteur) du verbe divin. Celui qui n’a pas d’Imam n’a pas de station spirituelle ici-bas comme lors de l’appel : ’Au jour où Nous appellerons le nom de leur imam toutes les séries d’humains...’ (Coran, Sourate XVII, verset 71). Les auteurs arabes définissent la grammaire comme étant l’art de parler correctement une langue. L’accent est mis sur la parole plus que sur l’écriture. La grammaire des cœurs dirige le Viator, ou le cheminant, vers la parole vertueuse par le cœur. Celle-ci est un dialogue avec le Réel-Vrai par le truchement de la langue du cœur. Elle se subdivise en deux parties : l’acclamation et la conversation confidentielle. La première est la qualité de ceux qui l’adorent; la seconde est l’attribut de ceux qui sont en Sa présence. L’une est à la porte; l’autre est sur le tapis de la proximité. Autrement dit, l’adorateur est un serviteur esclave; le passionné est un commensal. Cette grammaire universelle au sens profond du terme se compose de trois catégories: le nom, le verbe et la particule. Le nom, c’est Dieu; le verbe, c’est l’entreprise de Dieu ; la particule peut dépendre du nom ou du verbe. Le harf (particule) désigne la résolution spirituelle (himmah) pour aboutir à Dieu, c’est-à-dire la connaissance de Dieu. Elle est nécessaire au début de la quête, mais il faut l’éliminer (hadf) pour parvenir à sa fin. Il y a des particules luminaires qui sont comme le carburant propre qui vous conduit à votre destination, c’est-à-dire à la station de la contemplation et de la vision de Dieu. D’autres particules, ténébreuses, sont comme le carburant polluant, c’est-à-dire qu’elles s’emploient à investir votre résolution dans des domaines d’ordre inférieur comme l’avarice ou les passions viles ou le pécule de ce bas monde. Pour mieux synthétiser encore les trois catégories de cette grammaire, nous avons la Loi et la Réalité essentielle des choses. Selon un propos rapporté du Prophète : ’La Loi est Ma parole, la Voie sont mes actes, la Réalité essentielle est Mon état spirituel’. Autrement dit, la Loi consiste à L’adorer, la Voie à se diriger vers Lui, et la réalité essentielle à Le contempler et Le voir. La Loi est un ensemble de paroles, la Voie est un ensemble d’actions, c’est-à-dire des efforts, la Réalité essentielle est un ensemble de vertus et de saveurs spirituelles. Ces trois catégories hiérarchisent également les êtres selon les stations qu’ils occupent. La Loi est pour le commun des croyants, la Voie est pour l’élite, la Réalité essentielle est pour l’élite de l’élite. La vraie noblesse en Islam est d’ordre spirituel. La plupart des croyants n’ont retenu de la Loi que son aspect extérieur. L’élite parmi eux, a observé la Loi, mais ils cheminaient à travers la Voie par un effort constant d’élévation de l’âme et de purification du cœur. Quant à la vraie noblesse, c’est-à-dire l’élite suprême, ils ont observé également la Loi extérieurement et intégré les étapes intérieures de la Voie pour recevoir les lumières de la Réalité essentielle des choses. Arrivés à ce degré, ils ont recouvert les attributs du Prophète. Ils sont les vrais héritiers puisqu’ils ont hérité ses propos, ses actes et son éthique. C’est la station de l’Homme Universel Parfait. C’est ainsi que les gens de Dieu expliquent ce verset : ’Nous avons donné l’Écrit en héritage à ceux que Nous avons élus parmi Nos adorateurs. Il en est en effet parmi eux d’iniques envers eux-mêmes, d’autres tenant un juste milieu, d’autres enfin qui l’emportent par les œuvres de bien, avec la permission de Dieu - c’est la grâce insigne.’ (Sourate XXXV, verset 32). Par Abdelillah Benarafa




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