Depuis le début des années quatre-vingt-dix, la notion de gouvernance est au centre des préoccupations des gouvernants, des gouvernés, ainsi que des organismes au service du développement.L?Algérie, comme tous les Etats des pays en développement, est appelée à promouvoir la bonne gouvernance dans la gestion des affaires publiques économiques. En effet, une relation positive est reconnue entre la « bonne gouvernance » et le développement durable.Il est vrai que la croissance économique dépend de facteurs économiques tels que la qualité des ressources disponibles et leur quantité, mais l?expérience a également montré que cette croissance économique, pour qu?elle puisse être durable et équitable, dépend de la qualité des politiques économiques, de l?administration publique, du système légal et judiciaire, ainsi que de la mise en application effective des règles et des lois.Il s?agit ici en Algérie de donner plus d?importance au cycle d?élaboration, de mise en oeuvre, d?évaluation et de contrôle des politiques publiques économiques. Il faut effectivement parler de cycle de gouvernance économique, c?est-à-dire de processus se déroulant dans le temps. Là où la politique économique met l?accent sur la décision, sur le moment précis où l?autorité arrête une politique dans le domaine économique s?intéressant essentiellement à la légalité de la procédure suivie, par exemple aux différentes étapes de validation d?un projet de loi concernant le secteur économique, et à la rapidité et l?efficacité dans l?exécution des politiques économiques; la nouvelle approche de la gouvernance économique s?intéresse à l?organisation dans le temps du processus par lequel s?organisent, se mettent en oeuvre et se corrigent les politiques économiques.Ainsi, depuis le début de l?application des programmes d?ajustement structurels en 1994 et l?entrée de l?Algérie dans les politiques économiques libérales et orthodoxes, c?est-à-dire depuis le commencement de la privatisation des entreprises publiques, de la libération des prix et du commerce..., et jusqu?à nos jours, on parle toujours de la réforme économique, de la mise à niveau des entreprises, de la privatisation, de l?investissement étranger..., sans réel achèvement de ce processus. C?est pour cela que l?économie actuelle vit quelques dysfonctionnements: dégradation du pouvoir d?achat (augmentation des prix), incapacité des entreprises à créer de la richesse (voir le chiffre qui indique la valeur des exportations hors hydrocarbures), chômage, spéculation et désorganisation du marché (marché des matériaux de construction, de l?alimentation, de l?agriculture...).Cet exemple montre la nécessité de donner de l?importance à ce cycle de gouvernance économique. De même, l?on doit prendre en considération le partage des rôles aux différentes étapes du cycle, le choix des indicateurs, la construction de l?opinion publique et l?organisation de la scène de débat public pour la construction de cette politique économique, l?évaluation des politiques économiques et les outils et réseaux d?information. Devant le constat de cette situation, le développement doit sortir de l?économie rentière pour entrer dans une économie permettant la création de la vraie richesse, en passant du plan hésitant à la stratégie dynamique en utilisant, entre autres, des outils statistiques et des réseaux d?information modernes.Il s?agit de préciser que le temps est au c?ur de la gouvernance économique. Parmi les questions importantes aujourd?hui de la gouvernance économique, on trouve: faire vivre l?ensemble de la population dans la paix intérieure et la prospérité durable; assurer l?équilibre économique des différents marchés; gérer sur le long terme les ressources naturelles; offrir à la communauté algérienne de plus grandes opportunités d?épanouissement; permettre le développement des sciences et des techniques; s?adapter économiquement aux évolutions du monde tout en gardant son identité profonde...C?est ainsi qu?aujourd?hui, il est question de plus d?application effective des règles et stratégies pour permettre le vrai décollage économique, de plus de transparence dans la gestion des affaires publiques économiques et d?intensification des efforts de lutte contre la pauvreté et de création d?entreprise. De même, sur le plan des relations économiques internationales, il est dit que le développement passe toujours par une observation effective de la bonne gouvernance notamment économique.Partant de là, le PNUD (1997) définit la gouvernance comme l?exercice de l?autorité politique, économique et administrative dans les affaires nationales à tous les niveaux. Autrement dit, trois dimensions caractérisent la gouvernance, à savoir: la gouvernance politique, la gouvernance administrative et la gouvernance économique. La gouvernance économique, dont traite particulièrement cette analyse, recouvre les processus de prise de décisions qui ont une incidence sur les activités économiques du pays et les relations économiques de ce pays avec les autres pays. A ce sujet, pourquoi ne pas prendre exemple sur des pays tels que la Chine pour asseoir son économie sur un secteur productif hors hydrocarbures, c?est-à-dire imprégner la culture productive dans la société ?Donc, cette gouvernance économique semble avoir des répercussions importantes sur l?équité, la pauvreté et la qualité de la vie. Cette dimension de la gouvernance inclut également des questions relatives au rôle de l?Etat ou du secteur privé dans la gestion économique, au cadre macroéconomique et aux politiques économiques. En effet, la mise en oeuvre de politiques économiques cohérentes et permettant de mettre l?économie sur le chemin de la croissance et, par conséquent, d?améliorer les conditions de vie de la population, passe par la définition d?un bon cadre macroéconomique. A l?inverse, la mise en place de politiques économiques inadaptées, qui ne considèrent pas correctement la situation des populations, peut entraîner l?économie dans un cycle de récession et détériorer les conditions de vie des populations.Ainsi, on peut dire que la bonne gouvernance économique a pour base la recherche des solutions aux problèmes réels que connaissent les populations, dans l?objectif de leur bien-être. Elle conduit à faire en sorte que la croissance et les marchés profitent à l?ensemble de la population en considérant les trois principes essentiels que sont l?opportunité, la sécurité et l?inclusion. Par opportunité, on considère la possibilité pour les populations de participer à la croissance économique, ce qui suppose d?avoir accès aux services d?éducation et de santé. Par sécurité, on entend l?existence des moyens de se prémunir contre les catastrophes naturelles, mais aussi contre les effets négatifs qui peuvent provenir des restructurations et des réformes économiques. Enfin, l?inclusion (empowerment) constitue la possibilité d?assurer aux populations la capacité de prendre part à la vie politique afin que leurs priorités soient prises en compte par les autorités publiques et les décisions gouvernementales.Par ailleurs, pour définir les critères d?une « bonne gouvernance économique », l?accent peut être mis sur les indicateurs de gouvernance en relation avec les performances du pays en termes de croissance économique et d?amélioration du bien-être des populations. Les spécialistes considèrent à cet effet les indicateurs directement en rapport avec la croissance économique et ceux directement en rapport avec le bien-être social. Parmi les premiers, on peut retenir le taux d?investissement dans l?économie, qui traduit la tendance de l?Etat et des particuliers à investir dans le pays; le niveau du secteur productif public et privé, le niveau d?inflation et le taux de pression fiscale. Ces indicateurs traduisent la volonté des autorités publiques de créer un cadre propice à une croissance durable.S?agissant des indicateurs de gouvernance en rapport avec le bien-être des populations, on peut retenir le taux de chômage, l?indicateur de l?investissement financier dans l?enseignement, l?indicateur de l?investissement financier dans la santé, et l?indicateur des politiques sociales mises en oeuvre.Enfin, pour atteindre une bonne gouvernance économique, il est aussi question de se préoccuper des éléments suivants: le risque politique (cela suppose la régulation permanente du paysage politique et l?amélioration de la gestion politique des affaires économiques), le risque financier (en restructurant le système bancaire et financier afin de rétablir la crédibilité des établissements de crédit), l?environnement des affaires (le cadre idéal étant un avancement de la régulation de l?activité économique, avec par exemple une réduction de la lourdeur bureaucratique...), la redistribution équitable du revenu national (les inégalités de revenus fragilisent l?environnement économique d?ensemble), et la recherche d?une certaine créativité pour atteindre un véritable secteur productif, qui est la clé de tout développement économique.
* Docteur en sciences politiques (politologue)
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 10/04/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Riadh Bouriche *
Source : www.lequotidien-oran.com