Algérie - Rabah Saadallah


La glorieuse équipe du FLN
En ces temps de disette footballistique, nous vous proposons de redécouvrir un article très intéressant qui illustre la formidable épopée de la glorieuse équipe du FLN, notre première sélection nationale. Voila cinquante ans jour pour jour, que cette équipe est née, pour une cause noble de surcroît, l’indépendance de l’Algérie. Le combats de ces hommes à travers le sport fut magique, avec un palmarès éloquent de 91 matchs disputés entre 1958 et 1962, 65 victoires, 13 nuls et 13 défaites, 385 buts pour et 127 contre.
1958, les ambassadeurs de la révolution algérienne
Deux mois avant le début de la Coupe du monde de football 1958, trente joueurs professionnels du championnat de France quittent l’Hexagone en vagues successives pour rejoindre le FLN. Un geste fondateur pour la future équipe nationale algérienne.
Le 15 avril 1958, la France apprenait l’étrange disparition de Rachid Mekhloufi, de l’AS Saint-Étienne, qui avait qualifié l’équipe de France pour le Mondial et faisait partie des quarante présélectionnés pour la Suède, de Mustapha Zitouni, également de l’équipe de France, de Boubekeur, Bentifour et Bekhloufi, tous quatre de l’AS Monaco, de Rouaï d’Angers, de Bouchouk et Brahimi du Toulouse Football-Club, et de Kermali de l’Olympique lyonnais. Neuf joueurs algériens qui avaient décidé de rallier Tunis où était installé le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), laissant derrière eux des carrières prometteuses. Je n’ai pas hésité, a déclaré, dans un entretien à France Football, Rachid Mekhloufi, à l’époque sous les drapeaux au bataillon de Joinville. Vous savez, les gens raisonnent aujourd’hui en termes de carrière, de palmarès et de finances… La Coupe du monde, bien sûr, j’y pensais, mais ce n’était rien en regard de l’indépendance de mon pays.
L’idée de créer cette équipe révolutionnaire, qui deviendra l’ambassadrice de l’Algérie jusqu’à la fin de la guerre en 1962, est née, en 1957, au retour de Mohamed Boumezrag du Festival mondial de la jeunesse à Moscou. Brandissant le drapeau vert et blanc, une équipe de foot y avait représenté le sport algérien. Boumezrag s’est alors souvenu que, quelques années auparavant, un mois à peine avant le début de l’insurrection du 1er novembre 1954, une sélection d’Afrique du Nord avait battu la France par 3 buts à 1 dans un match organisé au profit des victimes du séisme d’Orléanville. Avec Mokhtar Arribi, entraîneur d’Avignon, avec Bentifour, avec le docteur Moulay, qui organisait les étudiants algériens, et avec Mohamed Maouche du Stade de Reims et également présélectionné pour le Mondial, il commence à mettre au point l’opération départ.
Bentifour part le premier pour San Remo en Italie. Deux jours plus tard, les trois autres Monégasques partent avec Rouaï pour Rome. Les cinq hommes rallient ensuite Tunis où ils seront rejoints par les quatre autres joueurs qui passeront par la Suisse, après un contretemps, car Mekhloufi, blessé, est hospitalisé à Saint-Étienne. C’est en route vers la frontière qu’ils apprennent que leur fuite est connue. Ils parviendront à passer en Suisse mais en oublieront de récupérer Maouche qui les attend à Lausanne et qui, sans information, décidera de rentrer à Paris. À Lyon, il apprend que ses amis sont passés. Il tente alors de revenir en Suisse mais se fait arrêter. Emprisonné, il ne sera pas jugé comme déserteur et terminera son temps sous les drapeaux dans les chasseurs alpins. Cela ne l’empêchera pas de continuer à organiser le départ d’autres joueurs et, le 2 novembre 1958, ils sont trente à Tunis.
Le FLN n’était pas au courant de l’initiative. Pourtant, Ferhat Abbas, président du GPRA, comprendra très vite l’importance d’avoir une équipe qui peut représenter à l’étranger l’image d’un peuple en lutte pour son indépendance , une équipe du FLN qui se couvrira de gloire entre 1958 et 1962 : 91 matchs, 65 victoires, 13 nuls et 13 défaites, 385 buts pour et 127 contre.
Les autorités algériennes, raconte Mekhloufi dans France Football, n’avaient pas pensé que nous pouvions constituer une équipe compétitive au niveau mondial. Au départ, il s’agissait avant tout d’un acte politique… Mais nous jouions contre des sélections de plusieurs villes qui ressemblaient comme deux gouttes d’eau aux équipes nationales. Je me souviens que nous avons battu la Yougoslavie 6-1. Un exploit qui avait marqué les esprits.
Maouche se rappelle aussi : Avec le recul du temps, je peux dire qu’aucun d’entre nous ne regrette… Nous étions militants, nous étions révolutionnaires. J’ai lutté pour l’indépendance… C’était nos plus belles années.


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