La gloire des vaincus de Saïd Saad Hommage aux héros de la Révolution d'El Mokrani

Publié le 04.08.2024 dans le Quotidien l’Expression

Ce roman, publié aux éditions El Qobia, raconte le parcours de Francois Duperey, un jeune Parisien qui débarque à Alger en 1870.

Ex-journaliste et traducteur de l'APS, l'auteur de plusieurs romans, à savoir Parfums d'une femme perdue, «Les tranchées de l'imposture et Les rescapés de Pula vient de sortir un nouveau roman aux éditions El Qobia. Intitulé La gloire des vaincus, ce roman raconte le parcours de Francois Duperey, un jeune Parisien qui débarque à Alger en 1870. Il découvre la casbah d'Alger et la ville européenne en construction à l'époque.
Le jeune journaliste fraîchement diplômé, est engagé par le journal Akhbar ou il fait ses premiers pas. Il couvre avec brio plusieurs évènements comme l'arrivée des colons alsaciens après la défaite de Napoléon III contre la Prusse. Plus tard, il est envoyé en Kabylie avec un détachement de l'armée pour assister au lancement de la construction d'une nouvelle agglomération coloniale: Mirabeau.
Là, loin du faste d'Alger, loin de ses lumières et des discours politiques, il découvre, ahuri, la politique d'extermination menée sans témoins contre les Arabes réduits à la famine. Il s'indigne de la spoliation de leurs terres et surtout du massacre odieux de ceux qui ont osé se révolter. Comme beaucoup de Français durant l'occupation, Francois se range du côté des Algériens et aussitôt de retour à Alger, il remet sa démission du journal. Il ne veut plus étaler des contre-vérités en lançant à la face du monde: «La France apporte la civilisation aux indigènes d'Afrique du Nord». Il entreprend alors d'écrire un manuscrit sur l'Algérie authentique telle qu'observée lors de ses pérégrinations. Ses recherches le mèneront jusqu'à Nouméa.
Dans la préface du livre, l'écrivain Abderahmane Mekhlef souligne «l'excellente narration des tribulations d'un reporter parisien parmi les atrocités des massacres provoqués par les canons de l'armée française qui affrontait les montagnards kabyles armés de pétoires, de fourches et de sabres».
Le préfacier indique ainsi que ce livre « dédié à la révolte d'El Mokrani, invite tout d'abord le lecteur à découvrir avec ravissement la ville d'Alger en 1872 et les grands travaux d'urbanisme qui ont été effectués». Il relève: « Bien documenté, le récit est poignant.
Les scènes de massacres, des blessures béantes, les flots de sang qui se répandent sur les corps gisant des civils innocents, sont vraiment très dures à supporter et arrachant de très forts sentiments de compassion chez le lecteur, en même temps qu'ils exacerbent leur identification au combat des patriotes.»
En effet, si le livre se veut romanesque, les détails historiques de bravoure humaine sont légion, le livre est truffé d'anecdotes et de détails. Il se veut profondément descriptif, à souhait! Et A. Mekhlef de faire remarquer encore: «L'autre spectacle enivrant sublime, dans ce roman est l'embarquement dans un voilier, des résistants kabyles et des communards ayant défendu Paris sous l'occupation prussienne à la même époque.
àtravers le livre, l'auteur Saïd Saad dit avoir voulu «rendre hommage à des hommes oubliés de l'Histoire». Aussi, lors de la révolution de 1871, deux cent mille hommes ont combattu l'armée française. Si le récit de ce roman est imaginaire de même que les personnages, reste que le fond se base sur des événements historiques véridiques. Aussi, il a fallu bien chercher question d'archives.
Pour se faire, Saad Saïd a dû se baser sur «Coloniser. Exterminer», d'Olivier Le Cour Grandmaison et sur «De l'Algérie française a l'Algérie algérienne» de Charles Robert Ageron.
L'intérêt de ce livre réside ainsi dans cet hommage rendu à ces hommes de villages et ces contrées perdus qui se sont battus corps et âme pour défendre leur pays. Il est bon à noter que le prochain livre de Saïd Saad est une biographie qui s'intéressera à l'icône du chant et de la musique charbis, à savoir Amar Ezzahi.
Il s'agira d'évoquer avec fidélité les différentes étapes de la vie de ce grand artiste.
O. HIND