Algérie

La gestion participative n'est qu'un credo électoral



La gestion participative n'est qu'un credo électoral
Kamel AmgharLes mairies ont bénéficié cette année d'enveloppes budgétaires conséquentes dans le cadre des plans communaux de développement (PCD). Les plus petites municipalités de la wilaya de Béjaïa se sont vues octroyer des dotations de l'ordre de 6,5 milliards de centimes. Les grandes communes ont eu le double, voire le triple de cette somme. Une première depuis très longues années. Seulement, au lieu de contribuer à l'apaisement du climat social et au soulagement des citoyens, cette manne financière a suscité, partout, le courroux des populations, dénonçant l'opacité qui a caractérisé la répartition de ces budgets par les assemblées locales (APC).Des mouvements de protestation ont été enregistrés dans la majorité des 52 communes que compte la wilaya et d'autres actions de dénonciation sont toujours en cours ou en gestation. Les élus, qui font de la gestion participative leur cheval de bataille électoral, ont tout simplement ignoré les associations de quartiers et les comités de villages dans la définition des priorités et des urgences de leurs administrés. Malgré les instructions du ministère de l'Intérieur et les recommandations du wali, les élus locaux auraient disposé de ces budgets selon leur bon vouloir, en réservant bêtement la part du lion à leurs fiefs électoraux. Les délibérations se sont généralement déroulées en catimini et les représentants de la société civile n'ont pas été conviés pour y assister en qualité d'observateurs. Cette gestion discriminatoire a soulevé un vent de colère au sein des quartiers et des hameaux qui s'estiment lésés. À Beni Djelil, les nombreux mécontents ont fermé le siège de la mairie plus d'un mois durant pour dénoncer ce fait accompli. Les protestataires ont même observé un sit-in devant la wilaya et des courriers ont été adressés à qui de droit. À Beni Maouche, les villageois d'Idjissen ont pareillement fermé le siège de l'APC durant plusieurs jours pour réclamer la réfection en urgence de la route, fortement dégradée par les dernières intempéries. À Fenaïa, les habitants du village agricole Soummam d'Illemathen ont barricadé la RN26 durant quatre jours consécutifs, pour solliciter un plan de réfection de la cité. Les montagnards d'Ighil Ouis à Tizi N'berbère sont aussi descendus dans la rue pour réclamer l'ouverture d'une route de désenclavement qui les rapprocherait de la ville d'Aokas. Dans la commune de Boukhelifa, cinq villages réunis ont protesté devant l'APC pour demander la réouverture d'une salle de soins et la réparation des routes. À Darguina, des élus (opposants) et des comités de villages ont saisi le wali par plusieurs courriers pour désigner du doigt la répartition, jugée opaque et injuste, du PCD.Les contestataires constatent que sur une enveloppe de 6 milliards de centimes, plus de la moitié aurait été affectée pour divers projets au village natal du maire et le reste a été partagé entre une dizaine d'autres hameaux ! En somme, rares sont les APC qui ont effectivement convié les associations de quartiers et les comités de villages aux délibérations concernant la répartition des PCD. Cette façon de faire à fortement irrité les populations qui réclament, à cor et à cri, la transparence dans la gestion des affaires de leurs localités. Une revendication légitime et pleinement justifiée.K. A.




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