Algérie

La gestion participative



Publié le 04.07.2024 dans le Quotidien l’Expression

J'expose ici une approche territoriale du développement durable basée sur une participation citoyenne pour l'identification des besoins, la formulation des programmes et des projets et leur mise en œuvre. J'ai contribué à formuler et à mettre en oeuvre dans le cadre de mes activités au sein des Nations unies.
Cette démarche s'inscrit dans le changement du système de gouvernance avec un transfert significatif des ressources au niveau local et une gestion autonome de ces ressources avec un contrôle a posteriori. Ceci implique une décentralisation effective, à la fois administrative et financière, donnant une large autonomie aux autorités locales tout en associant les populations à l'affectation des ressources et au choix des projets. Une réforme fiscale est conçue pour doter les collectivités locales d'une autonomie administrative et financière. En vérité, pour parvenir à ce stade, il faudrait adopter le principe de subsidiarité permettant de confier aux collectivités locales toutes les activités pouvant être assumées à leur niveau.
Cela étant, cette approche territoriale du développement s'appuie sur un raisonnement simple. Dans un pays aussi vaste que l'Algérie, il est inconcevable de décider à partir de la capitale le développement d'un territoire de 2,38 millions de kilomètres carrés, comportant des territoires, différents sur le plan du relief, du climat des potentialités.
Cette approche implique le transfert du pouvoir économique, social, culturel et environnemental des fonctionnaires des différentes administrations centrales vers les citoyens et leurs représentants au niveau local. Elle se fonde sur un certain nombre de facteurs: le développement de bas en haut, la participation des citoyens, la décentralisation, l'autonomie locale, le principe de subsidiarité.
C'est une évidence que c'est à l'échelle du territoire que les problèmes de développement durable sont perçus, et c'est là également qu'ils peuvent trouver des solutions à la fois équitables et démocratiques.
A ce niveau, il est communément admis que les responsabilités sont plus faciles à établir, les actions plus commodes à contrôler et les interdépendances entre acteurs plus aisées à prendre en compte. Sur le plan méthodologique, c'est au niveau de la base que doit être conçu et mis en oeuvre le développement de ce territoire. En d'autres termes, la définition des besoins prioritaires, le choix des projets pour satisfaire ces besoins, l'affectation des ressources devront se faire en consultation avec les citoyens et/ou leurs représentants dans les assemblées élues, les comités de quartier et de village et les associations dans un cadre démocratique et transparent. Un compte rendu d'exécution des programmes et projets doit également faire l'objet d'une présentation devant les citoyens.
La mise en oeuvre de cette approche s'appuiera sur le capital humain de la région, les partenariats économiques publics/privés et la coopération décentralisée.
Cette approche décentralisée du développement vise à restituer le pouvoir économique aux citoyens en leur conférant la responsabilité de disposer de leurs ressources et de leur affectation, de choisir, d'évaluer et de contrôler les programmes dans la transparence. C'est un exercice qui permettra de renforcer la démocratie locale par le débat qu'elle implique et le consensus qu'elle vise à construire pour le bien de tous les habitants du territoire.
Au moment où l'on s'apprête à refonder le code de la wilaya et de la commune pour améliorer le fonctionnement des collectivités locales, les expériences internationales dans ce domaine peuvent constituer une source d'inspiration, notamment en matière de participation des citoyens à la gestion de leur territoire.
Les démarches participatives opérationnelles dans de nombreux pays, qui associent les citoyens aux décisions économiques, sont considérées comme des expériences à succès. L'intérêt national presse donc de former à ces méthodes les responsables publics concernés et de mettre en place à grande échelle la gestion participative.

Mohand Amokrane Cherifi

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