Algérie

La gestion du temps



«Il faut laisser du temps au temps», avait déclaré François Mitterrand. «Il y a des problèmes qu'il faut laisser mûrir et d'autres pourrir», avait déclaré Fransisco Franco. Chez nous, le temps n'a pas la même importance que chez les pays industrialisés. Il ne s'agit pas de laisser passer le temps mais de le «tuer». Nous passons des journées à attendre sans que l'on sache ce que nous attendons. Depuis janvier 2011, les Algériens attendent des réformes sans savoir exactement ce qu'elles vont contenir. Les partis n'ont pas été audibles sur le contenu de leurs programmes respectifs. Les partis au pouvoir ont fait campagne sur le bilan de réalisation du président de la République auquel ils ont participé. Les partis de l'opposition ont expliqué qu'ils étaient contre et que rien n'avait été fait. Pourtant, inexorablement le temps passe.Dix-huit mois sont passés. Les Algériens attendent toujours le nouveau président de l'Assemblée Nationale. Ils attendent aussi le nouveau Premier ministre et les nouveaux membres du gouvernement. Ils attendent également les nouvelles orientations que va prendre la Constitution. Les examens de fin d'année sont à nos portes et les vacances aussi. Le cerveau ne réfléchit plus de la même manière. Le temps est venu de penser aux vacances, à ses dépenses. Le mois sacré de Ramadhan est également proche avec son farniente et ses dépenses. Le temps du travail, si travail il y a eu, est passé. Dans deux mois, nous penserons également à la rentrée scolaire et aux élections locales puis à celle du renouvellement des membres du conseil de la Nation. Nous commencerons à travailler sous l'ère de la deuxième république début 2013. Peut être pas, car, en 2013, cela sera le début de la pré-campagne de la présidentielle de 2014.
Cette attente, cette dépendance au temps politique est l'une des pires tares de l'économie algérienne. La demande publique étant le moteur de l'économie nationale, les temps de l'économie et du social dépendent de celui du politique. L'Algérie perd trop de temps à attendre ses nouveaux dirigeants et leurs orientations. Les secteurs privé et public de production ne peuvent rien faire sans la demande publique ou alors si peu. Une signature, plutôt son absence, peut bloquer des milliards de dinars pour longtemps. Les intérimaires ne peuvent que gérer les affaires courantes et hésitent à engager des dépenses dont ils ne maîtrisent pas les dossiers.En Algérie nous donnons du temps au temps et parfois nous en donnons tellement que certains problèmes au lieu de mûrir pourrissent, rendant leurs solutions impossibles. En attendant que l'économie se libère de la politique, rêvons de ce que nous aurions pu faire si nous avions moins de temps à «tuer».
A. E.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)