Liberté : Dans un communiqué rendu public lundi, le groupe Sonatrach a annoncé une baisse de 70% des importations des produits pétroliers en 2021 et l'arrêt des importations de carburants (essence et diesel) durant la même année. Comment pouvez-vous expliquer ces données 'Ali Kefaifi : Excepté pour le commun des mortels, ces données et les variations associées ne sont malheureusement pas significatives. En effet, sur le plan purement statistique, ces déclarations du groupe pétrolier peuvent être interprétées différemment selon que l'on analyse en termes de tendances lourdes (plusieurs années) ou que l'on compare à 2020, laquelle ne peut être considérée comme une année de référence. L'année 2020 n'est pas significative pour plusieurs raisons : l'arrêt des importations de carburants (surtout le gasoil) est la conséquence directe du gel des importations de véhicules, du parc, et donc de la demande en carburants telle que calculable par le modèle d'estimation de la demande (volume et type du parc automobile, âge, mode de conduite, effets à court et long termes des subventions...).
Aussi, il faudra attendre les résultats de 2022 et 2023, représentatifs en termes de prévisions, qui vont montrer et démontrer que 2020 n'est qu'un vulgaire "biais statistique" non crédible.
La production au niveau des unités de raffinage de Sonatrach a marqué une stabilité autour de 27,9 millions de TEP en 2021. Selon vous, pourquoi l'activité de raffinage continue à évoluer avec une croissance poussive malgré une croissance plutôt soutenue de l'ensemble du secteur des hydrocarbures en 2021 '
Dans l'absolu, la capacité de raffinage algérienne est de 677 000 barils par jour (bpj) dont 70 % à Skikda. La production globale de produits raffinés avait atteint 660 000 bpj en 2019 et 614 000 bpj en 2020, avec des baisses de production significative en essence (-14 %) et gasoil (-5 %), d'où des importations compensatoires en 2020. Attendons 2022 et 2023 pour observer le niveau des importations de carburants et effectuer un bilan cohérent.
Par ailleurs, signalons que l'optimisation économique des opérations de raffinage exclut l'objectif de maximisation de l'utilisation des capacités (TUC, taux d'utilisation des capacités). Ainsi, les TUC moyennes des raffineries sont de l'ordre de 90% aux Etats-Unis et 80% en Europe.
En définitive, le citoyen fiscal algérien serait profondément choqué d'apprendre que depuis des décennies la gestion des raffineries algériennes n'est pas rentable, voire même que la construction des raffineries algériennes était un non-sens sur la base de l'indice de Nelson qui explique pourquoi il valait mieux exporter le pétrole brut algérien ? véritable champagne ou "roi des pétroles bruts". Aujourd'hui ou demain, la démonstration pourrait être faite mathématiquement par l'utilisation de modèle de programmation linéaire.
Le vice-président responsable de la stratégie, de la planification et de l'économie au groupe Sonatrach, a annoncé que la raffinerie Augusta, en Italie, a réussi à réaliser, durant l'année 2021, des résultats "positifs" et "conformes aux objectifs". L'investissement de Sonatrach en Italie n'a pas été, tout compte fait, si mauvais que cela puisque, selon le même responsable, Augusta a réussi à payer une partie de sa dette et offre à Sonatrach des "opportunité de commercialisation et de trading"...
S'agissant des résultats du raffinage algérien, le groupe Sonatrach a dû se servir du "biais statistique" 2020 (l'année où, pour la première fois, le brut US, le WTI, est descendu aux enfers) pour cacher les affres de la non-gestion permanente du marché des produits raffinés algériens. Avant 2025, la démonstration économique et comptable pourra être faite grâce aux résultats comptables de la raffinerie Augusta, bien que le diable réside dans les détails.
Ainsi, grâce aux résultats comptables d'Augusta, propriété algérienne, et en utilisant les spreads régionaux (valorisation économique de l'Indice de Nelson), les économistes pourront vérifier la gabegie incommensurable associée à la non-gestion du marché du raffinage algérien, à corréler à la déclaration courageuse du vice-président de Sonatrach qui a annoncé "les résultats positifs et conformes aux objectifs" d'Augusta, rentable car complexe au sens de Nelson.
Propos recueillis par : A. TITOUCHE
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Posté Le : 02/02/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali TITOUCHE
Source : www.liberte-algerie.com