La Gestion De La Maladie Chronique Chez Les Personnes âgées En Algérie : Les Sens Attribués à L’expérience Corporelle

Il semble difficile d’occulter l’accroissement significatif, durant ces dernières années, de la population du troisième âge. Elle représente 2,7 millions sur 35 millions d’habitants (Nabila Amir, 2010). En partant de cette donnée, il est pertinent d’appréhender, dans toute sa complexité, la catégorie des personnes âgées atteintes de maladies chroniques, en nous focalisant sur les différents usages sociaux de leur corps. Notre étude s’inscrit dans un triple champ disciplinaire : la sociologie de la vieillesse, celle du corps et enfin la sociologie de la santé. En partant des travaux les plus significatifs produits dans ce triple champ, il nous a semblé important de déconstruire la notion de vieillesse souvent interprétée dans la société par les termes de dépendance, d’incapacité ou de passivité en référence uniquement à l’âge de ces personnes. L’objectif de ce travail est de comprendre et d’analyser, du dedans, l’expérience du corps social (Mauss M, 1934) de la personne âgée face à la maladie chronique. Ici, le corps ne se réduit pas à un ensemble d’organes. En effet, les pratiques corporelles les plus ordinaires (soins, entretien du corps et la marche, etc...) ne sont pas naturelles. Elles sont construites socialement. Autrement dit, les personnes âgées déploient des logiques sociales liées à leur expérience et à leur histoire sociale. Nous souhaitions montrer que le patient âgé est aussi un «corps sujet » (Le Breton D, 1985). Notre recherche tente de mettre au jour l’expérience corporelle ordinaire des personnes âgées atteintes de maladies chroniques. Le but est de mettre en exergue les différentes logiques sociales et culturelles qui se côtoient dans l’épaisseur et les mouvements de l’homme (Mauss M, 1934).