Algérie

La genèse du film anti-islam peu à peu mise au jour



Trois jours après les premières violences liées à la diffusion sur internet de "L'innocence des musulmans", qui ont notamment provoqué la mort de l'ambassadeur américain en Libye, les conditions dans lesquelles ce film anti-islam a été produit et réalisé commencent à se préciser.
Morris Sadek, un activiste copte vivant en Virginie, a affirmé dès mardi soir avoir joué un rôle dans la promotion de ce film, dont un clip de 13 minutes en anglais circule sur internet, tout en précisant n'être "intéressé que par la première partie du film" qui mettrait selon lui en lumière les discriminations dont sont victimes les coptes d'Egypte.
Il a communiqué à Reuters un numéro de téléphone, selon ses dires celui du réalisateur de ce brûlot anti-islam. Ce numéro remonte au domicile de Nakoula Basseley Nakoula, un copte égyptien résidant à Cerritos, une banlieue de Los Angeles, en Californie.
Nakoula a fait savoir qu'il n'avait rien à voir avec la vidéo et se dit victime d'une erreur d'identité, mais plusieurs organes de presse ont lié à la production du film et une meute de journalistes faisait dès jeudi le siège de son domicile.
"Il m'a dit qu'il n'était impliqué en aucune manière dans ce film. Je lui ai demandé : 'pourquoi ont-ils mis ton nom '' dessus '", a déclaré l'évêque copte de Los Angeles, Anba Serapion, à Reuters.
Malgré plusieurs tentatives, l'agence Reuters n'a pu entrer directement en contact avec Nakoula, par ailleurs condamné pour fraude bancaire en 2010.
Il semble toutefois qu'au moins une scène de la vidéo puisse avoir été filmée à son domicile. Une porte montrée dans une scène ressemble énormément à la porte de sa maison de Cerritos.
BACILE, BASSIEL OU BASSIL '
De son côté, Morris Sadek a attribué la paternité de cette vidéo à un certain Sam Bacile, qui est aussi le nom utilisé par l'individu qui a mis la vidéo sur YouTube en juillet. Sans doute un pseudonyme, affirment au moins deux autres personnes liées au film.
L'actrice Cindy Lee Garcia, qui a joué dans ce film, décrit le producteur, qu'elle appelle Sam Bassil, comme un homme âgé, les cheveux grisonnants, avec un accent. Il s'agirait d'un promoteur immobilier israélo-américain résidant en Californie.
Dans la fiche de distribution, retrouvée sur Backstage.com, apparaît le nom assez proche de Sam Bassiel. Celui du réalisateur est Alan Roberts.
Mercredi, Steven Klein, un assureur de Hemet (Californie) qui se présentait comme consultant et porte-parole de la production du film, affirmait avoir conseillé au réalisateur de se cacher.
A propos du producteur, il disait ne l'avoir rencontré que deux fois. "Je ne sais pas de quel pays il est mais je sais que ce n'est pas un juif israélien. Mais sa famille est au Proche-Orient", a-t-il dit à Reuters.
Selon le groupe Southern Poverty Law Center, qui combat les extrémismes, Klein, qui se présente comme un ancien "Marine", est un chrétien lié à des milieux d'extrême droite.
"IRREEL"
Cindy Lee Garcia a affirmé elle à Reuters qu'elle avait été trompée sur la nature véritable de ce film, où le prophète Mahomet est présenté comme un imbécile et un homme à femmes, et qui aurait coûté cinq millions de dollars.
Cette actrice californienne dit avoir répondu l'an dernier à une annonce pour un film dont le titre devait être "Desert warrior" ("Le guerrier du désert") et qui était présenté comme un récit historique à petit budget se déroulant dans le désert d'Arabie.
"Tout cela me paraît irréel. C'est comme s'il ne restait rien de ce que nous avons tourné", a-t-elle dit à Reuters dans une interview téléphonique.
Selon elle, le film a été tourné à l'été 2011. Les acteurs jouaient devant un écran vert sur lequel devaient être plus tard fixés les décors.
Elle a raconté que lors du tournage, son personnage était obligé dans une scène de remettre son enfant à un certain "Maître Georges". La fiche du film décrit ce "Maître Georges" comme un "dirigeant autoritaire" et un "tyran". En fait, il est censé représenter le prophète Mahomet dans la vidéo.
Paul Audley, président de FilmL.A., l'agence qui traite les autorisations de tournage, a indiqué qu'une organisation à but non lucratif, Media for the Christ, avait obtenu un permis de tourner le 8 août 2011 dans un studio de Santa Clarita Valley, au nord de Los Angeles.
Cette zone abrite un site aménagé dans le style d'un village du Proche-Orient souvent utilisé dans les productions hollywoodiennes, a-t-il précisé.
Media for the Christ, qui gère un site internet chrétien en langue arabe et est basée à Duarte, en Californie, se décrit comme un groupe chrétien évangéliste, selon des documents fiscaux. Ses responsables n'ont pu être joints et la porte d'entrée de ses bureaux à Duarte était fermée jeudi.
Reuters
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