Algérie - Patrimoine Architectural et Immobilier

LA GARE D’ORAN, UN SIÈCLE D’EXISTENCE



"Aux alentours du monument historique : délinquance, vagabondage et un urinoir !"

La gare d’Oran, de style néo-mauresque, fait penser à une mosquée et s’il n’y avait pas son minaret-horloge, la confusion serait en effet tout à fait possible. Cette belle construction fait partie du vaste répertoire du patrimoine bâti issu de la colonisation française en Algérie. Sa réalisation s’inscrit dans le cadre d’une politique coloniale d’aménagement et d‘équipement outre-mer qui, par arrêté ministériel du 4 février 1857, prévoyait la création d’un réseau de chemins de fer pour relier les principaux ports algériens entre eux et avec les villes de l’intérieur du pays.
C'est un beau monument de style hispano- mauresque, tant par son architecture extérieure que par sa décoration intérieure. Selon les archives du Musée d’Oran, les premiers travaux ont été entrepris en 1908 et la gare fut ouverte au public en 1913. En 2008, cette gare prestigieuse subsiste dans une atmosphère malsaine au niveau de la rue qui lui est mitoyenne : délinquance, vagabondage et un urinoir fermé depuis plus de deux années, mais «ouvert» aux agissements les plus indécents et dangereux pour le voisinage et les voyageurs. Plus d’un siècle d’existence et la gare ferroviaire d’Oran résiste au temps, même si elle s’est trouvée ces dernières années confrontée à un délabrement avancé de sa bâtisse, ce qui a contraint les responsables de la SNTF à entamer des travaux de réhabilitation. Des travaux qui ne sont toujours pas achevés au niveau de sa façade extérieure. En 2007, quatre avis d’appel d’offres ont été lancés par la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) direction régionale, pour les travaux de réhabilitation de la gare d’Oran. En effet, l’étude technique des offres et le choix de l’entreprise devront, nous dit-on, être connus dans les prochains jours. Par ailleurs, l’on a appris que la gare ferroviaire d’Oran a fait l’objet d’une proposition de classement en tant que monument historique. Durant l’année passée, l’on saura que plus de 3,3 millions de voyageurs ont été transportés par rail, à partir de la gare d’Oran. L’entreprise espère atteindre en 2008 le transport de plus de 4 millions de voyageurs et d’un million de tonnes de marchandises. Cette semaine, les habitants d’une rue mitoyenne à la gare, plus précisément la rue Pierre-Semard (Plateaux) ont lancé un cri de colère face à la dégradation de la situation qui prévaut depuis trop longtemps au niveau des alentours de cette prestigieuse gare. Leur première grande préoccupation consiste en la présence d’un urinoir construit dans les années 2000 et qui est fermé depuis, la station de bus ayant été transférée. Cet urinoir qui devrait être détruit, n’ayant plus de raison d’exister, ne l’est toujours pas et constitue aujourd’hui un abri pour les vagabonds, les délinquants et un regroupement pour des bandes de voyous et de trafiquants. Sur place, entouré des habitants du quartier, une dame nous interpelle : «On en est au deuxième meurtre dans ce coin-là. Le soir comme le jour, les voyous se regroupent, allument un feu de camp, cuisinent, s’enivrent et ça devient un coupe-gorge.» Un autre citoyen nous lance : «C’est une honte pour nous, même des étrangers empruntent cette gare ; lorsqu’ils assistent à ces scènes dès leur arrivée, que voulez-vous qu’ils pensent de notre ville ? C’est scandaleux !» Et à un autre d’enchaîner : «Franchement, qu’attendent les autorités pour démolir cet urinoir ? Il est juste en face, à quelques mètres, de la gare. Dès que le voyageur arrive il lui fait face avec toute sa laideur, ses détritus, ses odeurs nauséabondes et ses rats qui rôdent en plein jour !» Sollicité par le représentant de ces habitants, le délégué du secteur urbain n’a pas ménagé ses efforts pour entamer des travaux de désherbage et de ramassage des ordures qui s’entassaient autour de la gare. Une bonne volonté saluée par ces citoyens qui espèrent l’aboutissement de ces efforts vers la démolition de l’urinoir. Ces citoyens en colère exigent également des responsables locaux d’enquêter sur les véritables agissements du propriétaire du kiosque mitoyen de l’urinoir et de la gare, censé être fermé depuis quelque temps, sauf le soir où, nous confient les voisins, les lieux se transforment en un lieu de débauche au vu des voyageurs qui craignent pour leur vie. Parmi les revendications citoyennes : en priorité la démolition de l’urinoir, la réfection de la route, assurer l’éclairage publique, l’instauration de la sécurité pour les habitants et les voyageurs, souvent délestés de leurs biens, la création d’un espace vert à la place de l’urinoir et mettre en demeure le propriétaire de la cafétéria fermée. Tout en maintenant leur mobilisation pour réhabiliter la sécurité et une atmosphère saine dans les alentours de la gare, les habitants du quartier comptent créer une association pour la sauvegarde de l’environnement digne de cette illustre bâtisse qui mérite plus d’égards et de considération.




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