Fatima Douhadji, originaire d'Aïn Sefra, dans la wilaya de Naâma, est une femme passionnée par le patrimoine authentique et s'attelle à faire renaître le métier de tissage du tapis traditionnel faisant la renommée des ksours des oasis. En tant que présidente d'une association locale de protection du patrimoine, Fatima a fait face à de nombreuses difficultés. Des difficultés qui ne l'ont pas empêchée de s'imposer dans le monde de l'artisanat, car aujourd'hui, elle a brillé et innové dans le domaine du tissage des tapis traditionnels dans la wilaya et compte à son actif plusieurs participations dans des expositions de produits de l'artisanat. Ses produits, exposés au Salon international du tourisme et des voyages, au Salon national du tapis de Ghardaïa, ainsi que d'autres manifestations dans plusieurs wilayas du pays, ont suscité l'admiration des visiteurs. Agée aujourd'hui de 55 ans, cette artisane relate son expérience dans le domaine de l'artisanat longue de trois décennies. «J'ai créé mon propre atelier de tissage dans le cadre du financement du microcrédit de la formule d'acquisition de matériel», explique-t-elle. Et d'ajouter: «J'ai bénéficié d'un local professionnel dans le cadre du soutien aux artisans et je n'ai jamais manqué de participer dans des initiatives de volontariat pour la confection de masques de protection dans le cadre de la prévention contre le virus corona».Enseigner l'artisanat aux jeunes filles
Fatima Douhadji a pris part à plusieurs sessions de qualification technique des artisanes débutantes, organisées périodiquement par la Chambre locale de l'artisanat et des métiers pour accompagner leurs projets. Dans ce cadre, elle affirme avoir supervisé des formations pratiques au profit d'une cinquantaine d'artisanes, dans le cadre d'un accord de partenariat de prise en charge des stagiaires du secteur de l'enseignement et de la formation professionnels. L'intérêt de ces formations est d'enseigner ces métiers aux jeunes filles et découvrir de nouvelles compétences à même de reproduire les créations des mères et grands-mères, et de faire renaître de précieuses coutumes comme la «touiza» (entraide collective) lors du tissage des tapis. À ce sujet, elle indique que les femmes du vieux ksar de Sidi Boutekhil d'Aïn Sefra, continuent d'enseigner aux plus jeunes ces us et coutumes qui faisaient, il n'y a pas si longtemps, l'objet d'un grand intérêt par les familles rurales, dans les campagnes et les familles des nomades. Toutefois, Fatima déplore que l'actuelle génération soit peu soucieuse à apprendre les secrets de ce métier ancestral, qui exige une créativité technique, de la patience et de la persévérance. Dans ce cadre, Fatima assure la formation des femmes désirant acquérir les techniques et les normes de fabrication des tapis du point de vue de la qualité de la laine, le nombre de noeuds utilisé dans le tissage et l'utilisation des produits naturels pour la teinture des tapis. Cette artisane estime que l'obstacle réside également dans la commercialisation du produit «pur laine» et manuellement réalisé, qui a baissé en raison de l'absence de clients et des touristes ciblant la région au vu des conditions de l'actuelle crise sanitaire.
Faire du fil de laine une oeuvre d'art
Le tissage du tapis exige un savoir-faire et une grande patience. À partir de matières premières comme le fil, la laine et le mohair pur, Fatima confectionne de véritables oeuvres artistiques aux formes et couleurs chatoyantes et diverses. Elle s'inspire de l'architecture des ksours dans la création des formes décoratives, des symboles et des plans de travail pour la décoration des tapis (losanges, triangles, marges et autres). «Les ksours sont des constructions traditionnelles adaptées au climat de la région et, à travers des symboles et des dessins transmis et hérités avec précision, nous pouvons connaître le milieu dans lequel a été confectionné chaque tapis», explique-t-elle, ajoutant que «ce métier fait partie du patrimoine et représente une part indéniable de la mémoire collective de la région». Fatima estime que le tapis n'est pas seulement une pièce de décor de l'intérieur d'une maison, mais une véritable oeuvre artistique liée aux traditions des ancêtres et à la vie quotidienne dans le village et la campagne.
«C'est grâce aux femmes qui ont su préserver ce produit des aléas de la vague de la modernité et assurer sa préservation et sa transmission d'une génération à une autre», souligne la quinquagénaire.
Celui qui contemple la maitrise qui caractérise le tissage des oeuvres réalisées par Fatima y voit une oeuvre d'art et traditionnel portant des images et des symboles aux formes symétriques exprimant l'authenticité et mariant les couleurs choisies avec soin, comme le rouge, le noir et le blanc, le tout ingénieusement combinés pour devenir plus attrayants et resplendissants.
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Posté Le : 15/03/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : L'Expression
Source : www.lexpressiondz.com