Algérie

La garde communale et le faux barrage


Pour les hommes en bleu, il n’y a eu ni interdiction ni matraque, mais surtout point de «baltaguiya», ces supplétifs appelés en renfort par le pouvoir pour discréditer et mater les manifestants pacifiques. Pourtant, par rapport au nombre, il n’y a pas photo entre les centaines de marcheurs potentiels de la CNCD et cette armée mexicaine mobilisée par la garde communale. Mais on conviendra avec Daho Ould Kablia, qu’il manquait des figures politiquement détestables, à l’image de Saïd Sadi, Ali Yahia Abdennour ou Mustapha Bouchachi, dans les rangs très serrés de la garde communale. Et cela semble changer a posteriori. Mieux encore, notre honorable «Haras El Baladi» n’a exprimé aucune revendication politique comme le souhaitent, Zerhouni, Ould Kablia et leur mentor Bouteflika. Facteur avantageux pour les auxiliaires de la République, ils ont eu la géniale idée de troquer leurs fusils à pompe contre des portraits de son excellence qu’ils ont fièrement agités, avenue Zighoud Youcef. Il eut été en effet moralement difficile et politiquement déplacé de tabasser un agent militaire assimilé qui plus est, portant aux nues le président Bouteflika chez qui émarge Daho Ould Kablia.
Ça aurait été carrément de la politique réactionnaire !  Mais au-delà de ce soin pris de ne pas comparer ces sympathiques et pacifiques gardes communaux aux dangereux hommes politiques «armés» de discours, le ministre de l’Intérieur et tous ceux qui ont décrété «Alger fermée aux marches» ont eu peur. Très peur. C’est la seule morale qui pourrait être tirée de cette histoire. M. Daho et ses troupes ne pouvaient rien face à 10 000 soldats potentiels. Il était aisé d’imaginer l’issue d’un tel corps à corps bien que les gardes communaux aient laissé leurs armes chez eux. Résultat du marché : les agents protestataires ont forcé le faux barrage des marches interdites comme ils l’ont fait jadis contre ceux des terroristes. Ils ont paralysé la capitale, sans être inquiétés et cerise sur le gâteau : obtenu une audience auprès du président de l’APN. 
Et pour fêter cet exploit, indépendant de la volonté du pouvoir, Daho Ould Kablia, qui considérait leurs revendications «impossibles à satisfaire», a fini par installer un groupe de travail élargi à nos honorables gardes communaux. On ne peut, in fine, qu’applaudir le courage de nos «para- militaires» qui, non seulement ont été au bout de leur combat mais plus encore, nous ont prouvé que Daho Ould Kablia et ses services savent céder quand l’adversaire est suffisamment fort.
Conclusion très politique : le pouvoir est prêt à faire des concessions à presque tout le monde sauf à ceux qui lui crient à la face son incompétence et qui lui signifient qu’il gouverne très mal l’Algérie. C’est à peu près ce qu’a déclaré Mourad Medelci à un journal américain reprenant la détermination de Bouteflika à «ne pas céder aux pressions politiques». De quoi rassurer les Américains soucieux de la «stabilité du régime algérien». Mais pas ceux qui, en Algérie, envisagent leur pays en dehors de Bouteflika, Ould Kablia, Zerhouni, Ouyahia et Toufik. Les gardes communaux nous l’ont opportunément confirmé et prouvé.
Chapeau bas Messieurs !

 
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