Algérie

La frontière poreuse entre l'analyse et la complaisance



Oran
De notre envoyé spécial

Ali Al Aqabani de Syrie, Khalil Damoun du Maroc, Safaa Al Leithi d’Egypte, Mahrez Al Karoui de Tunisie et Ramdan Salim de Libye ont, à travers un débat modéré par Nabil Hadji, analysé la situation actuelle de la critique du 7e art. Ils sont revenus sur les différentes définitions de cette discipline et ont regretté l’absence d’une organisation commune aux critiques arabes. En Tunisie, au Maroc et en Egypte, des associations existent déjà. L’association égyptienne active depuis 1972. «Elle fait découvrir les cinémas du monde entier et aide à la formation des jeunes», a précisé Safaa Al Leithi. Yousri Nasrallah, devenu cinéaste,  Khaïri Bechara, Sayed Saïd et Mohamed Hamad ont été des animateurs de cette association. «En Egypte, les critiques plaident pour un cinéma diversifié, non dominant», a-t-il noté. Il y a des différences à faire un critique de cinéma qui analyse tous les aspects d’un film et un journaliste qui écrit sur le cinéma. Khalil Damoun a estimé qu’aucun festival de cinéma ne peut se tenir sans la présence de critiques. Ceux-ci sont présents lors des débats, mais aussi dans les jurys. « Au Maroc, on donne chaque année un prix pour la meilleure critique. C’est un signe de changement dans la relation entre le septième art et la critique. Une question déjà réglée en Europe», a-t-il dit. Au Maghreb, la critique a été, selon lui, développée par les ciné-clubs à partir des années 1970. Il a regretté l’absence d’un institut qui formerait à la critique du cinéma dans cette région. Contrairement à l’Egypte où un institut assure des cours de critique artistique, «au Maghreb, nous avons deux références en matière de critique : l’Egypte et la France», a-t-il indiqué, soulignant l’importance de la revue française Les Cahiers du cinéma comme référence. Khalil Damoun, qui anime une association du 7e art à Tanger, a annoncé que le Maroc produit annuellement une quinzaine de longs métrages, soit trois fois plus que l’Algérie.  Safaa Al Leithi a regretté la faiblesse du lectorat des rares revues spécialisées dans le cinéma qui paraissent dans le monde arabe. «Aussi, la question souvent posée, est-elle quand cette revue s’arrête mais pas comment va-t-elle continuer '», a-t-elle ironisé. Situation qui, d’après elle, a amené les critiques à publier leurs textes dans des blogs ou des sites internet. «Le critique se dit qu’il est mieux d’utiliser ce moyen d’expression car il arrive à intéresser un lectorat large et avoir des réactions rapides», a-t-elle noté. Les présents se sont interrogés sur la capacité des critiques à influencer les cinéphiles. Mahrez Al Karoui a plaidé pour que  les critiques sortent de leurs tour de verre et usent de termes simplifiés pour que le lecteur comprenne ce qu’ils écrivent. «Mais il est important d’élever quelque peu le niveau. Il y a une telle ignorance par rapport à l’image dans le monde arabe qu’il est nécessaire de faire un travail pédagogique», a-t-il noté. Il a regretté l’absence de cours sur l’image dans les établissements scolaires.


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