Algérie

"La fraude n'est pas un problème technique"



Outre le bilan de la participation du parti aux élections locales, M. Belabbas s'est plus globalement exprimé sur la situation politico-économique du pays.S'exprimant, hier, à l'ouverture des travaux du conseil national de son parti, Mohcine Belabbas, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), a estimé que les élections locales ont eu lieu sur fond de luttes de sérail. "C'est dans cet océan de déraisons et d'irrationalités d'un pouvoir mû par sa seule survie pour perpétuer sa mainmise sur les richesses du pays que ces élections ont eu lieu", a-t-il dit, soulignant que "la fraude n'est pas un problème technique", mais "c'est un processus qui vous handicape d'abord par la répression des activités politiques, puis par l'exclusion médiatique, souvent par l'infiltration de la police politique, ensuite par les triturations du fichier électoral, les entraves dans la confection des listes électorales... pour aboutir enfin à la falsification des résultats", plaidant pour la mise sur pied d'une "instance indépendante de gestion des élections couplée à une mobilisation citoyenne", afin de donner lieu "à l'expression souveraine du peuple". "C'est une condition pour que la crise de légitimité se dénoue pacifiquement pour enfin construire un Etat de droit", a encore souligné
M. Belabbas.
Concernant le bilan de l'implication du RCD dans cette élection, le chef du Rassemblement a indiqué qu'au plan des chiffres, le parti a enregistré des avancées à Béjaïa, à Bouira, à Boumerdès, à Batna, à Tipasa, à Sétif ou à Illizi. À Tizi Ouzou, Mohcine Belabbas a estimé que le parti aurait pu faire mieux au vu de l'activité et de la visibilité qu'il a affichées, considérant qu'il s'agit "probablement de se pencher sur les méthodes de gestion de nos moyens, de nos structures et des arbitrages pour consolider en priorité nos acquis", ajoutant qu'"en tout cas, dans la plupart de ces wilayas, le renforcement organique doit être au centre de nos préoccupations". Evoquant le cas particulier de la capitale,le président du RCD a expliqué que "malgré le score, plus qu'honorable, obtenu lors des législatives du 4 mai dernier, les locales du 23 novembre ont confirmé les retards énormes dans l'élargissement de notre base militante dans cette wilaya". Il a souligné que sur cette question et sur d'autres, "le débat doit avoir lieu dans la perspective du congrès pour que la nouvelle direction élue mette en place des outils pour un véritable déploiement qui tient compte de la nouvelle donne sociologique d'une agglomération qui a changé de fond en comble depuis la fin des années 90", relevant qu'un parti "ancré dans la société c'est aussi des perspectives". Concernant la situation générale du pays, le chef du RCD n'a pas été tendre pour décrire un pays qui va mal sur tous les plans. Il considère que le pays va mal aussi car "ses jeunes le fuient, ses médecins et ses enseignants sont réprimés comme de vulgaires voyous. Ses médias sont ou bâillonnés ou asservis. Son mouvement associatif est soit étouffé, soit caporalisé. Son élite est ou résignée ou contrainte à l'exil. Les syndicalistes et les militants politiques et des droits de l'Homme sont traqués, menacés et font l'objet de chantages et de cabales judiciaires. Les femmes sont minorisées ou agressées". "C'est peu dire", s'est-il encore alarmé, précisant que "l'écrasante majorité de notre peuple, notamment notre jeunesse, vit ce constat dans sa chair". "Nos jeunes sont réduits à faire le choix entre la harga dans des embarcations de fortune, ou les interminables chaînes ? par milliers ? pour obtenir un sésame devant le Centre culturel français", a-t-il encore constaté, liant cette situation à une gestion catastrophique des affaires et de l'économie du pays.
Après avoir rappelé les ratages du régime durant l'embellie financière, il a estimé que "dans un pays normal, ce bilan qui sanctionne dans les faits toute la gestion depuis le début des années 200 n'aurait pas donné lieu à un replâtrage par un simple changement de Premier ministre, mais à une véritable révolution dans la gouvernance".
Mohamed Mouloudj


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