Algérie

La France redoute une rude concurrence russe



Impactés par la pandémie de coronavirus, à l'instar de l'ensemble de l'activité économique, et même s'il s'en trouve que certains se sont révélés plus résilients que d'autres, les marchés mondiaux de pratiquement toutes les matières ont pris une tournure qui fait le bonheur des uns au détriment d'autres, comme c'est le cas du marché du blé sur lequel l'Algérie pèse d'un poids certain, en sa qualité de client très convoité.La tournure prise par le marché mondial du blé et la réalité budgétaire de l'Algérie ont déjà induit des incidences qui font que désormais, depuis quelque temps, les pouvoirs publics ont suspendu les exportations de pâtes alimentaires fabriquées à partir de céréales subventionnées et puis, tout récemment, décidé de la levée de la subvention du blé destiné à la fabrication de pâtes alimentaires et couscous. Ceci, sans parler du tour de vis frappant les minoteries, plus particulièrement celles relevant de l'Office national interprofessionnel des céréales (OAIC), après qu'il eut été établi que des minoteries s'adonnaient, entre autres, à de fausses déclarations sur leurs capacités de stockage et de production réelles pour bénéficier indûment de quotas supplémentaires de blé tendre subventionné, dont l'Algérie figure parmi les plus recherchés importateurs, comme le rappelait, quelques semaines après le début de la pandémie de coronavirus, un rapport du Département américain de l'Agriculture (USDA) annonçant, pour la campagne 2020-2021, que l'Algérie devrait voir son volume d'importation de céréales augmenter de 15,3% pour atteindre les 7,5 millions de tonnes, tout en subordonnant ces achats à l'état des réserves de change du pays.
La situation financière du pays qui, depuis, a requis des mesures devant conduire à la limitation des importations et, partant, d'explorer toutes les pistes pour continuer à assurer l'alimentation du marché local en blé sans y mettre le prix habituel. C'est ainsi que l'un des plus récents appels d'offres de l'Algérie a trouvé écho chez des fournisseurs en Pologne pour l'expédition d'une cargaison de 31 500 tonnes de blé répondant aux exigences du cahier des charges algérien, au grand désarroi des traditionnels fournisseurs français. Ces derniers, depuis plusieurs mois, font état de la menace qu'allaient endurer leurs exportations de blé du fait que celles-ci allaient tomber à 15 millions de tonnes cette année, des exportations qui se répartiraient de façon égale entre des pays de l'Union européenne et des pays tiers dont l'Algérie, premier client des producteurs de blé de l'Hexagone.
«L'Algérie, qui a souffert de la chute du pétrole, sera particulièrement attentive au prix, laissant peu de marges de man?uvre aux céréaliers de France», prédisait-on, alors qu'un expert soutenait que «le risque est réel que l'Algérie achète le moins cher possible sous réserve d'un cahier des charges qui serait strict mais pas aussi draconien que ce qu'il a été», pour ensuite s'attendre à voir (re)surgir la Russie, dont la production est en forte hausse cette année, qui ne manquera pas de courtiser l'Algérie pour s'emparer des parts de marché qui revenaient habituellement aux Français. Des craintes qui ont ressurgi la semaine qui vient de s'écouler avec l'information du Synacomex, l'association des exportateurs français, qui annonce que « l'Algérie a décidé d'adapter son cahier des charges pour l'achat de blé en vue d'accepter les offres de la mer Noire », et notamment de blé russe. Une hypothèse qui fait frémir les producteurs français depuis la récolte catastrophique de 2016 et qui a ressurgi ces dernières semaines, après la très mauvaise récolte de cet été, affirme un site français spécialisé des questions d'agriculture.
Une adaptation du cahier des charges algérien aux caractéristiques du blé russe qui devrait être officialisée lors du prochain appel d'offres, prévu fin septembre, a affirmé le cabinet Inter-Courtage. Des développements qui interviennent au moment où entre en application le nouveau programme du ministère algérien de l'Agriculture, dans la perspective de la limitation des importations de blé, et la revue du fonctionnement de l'OAIC.
En effet, selon la feuille de route du ministère de l'Agriculture, il est question désormais de la nécessité de revoir les textes régissant l'encadrement de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), et l'introduction d'un contrôle rigoureux dans la gestion des approvisionnements des unités de transformation et ce, pour éviter les fraudes constatées dans certaines minoteries. Entre autres impacts attendus de ce qui va être entrepris, l'Algérie devrait, selon les estimations des experts du ministère de l'Agriculture, parvenir à la réduction des quantités de blé tendre importées de 2 millions de tonnes, soit une économie sur les dépenses publiques en devises de 468 millions de dollars, une économie de la subvention du blé tendre de 36 milliards de DA (18 000 DA/t) d'ici la fin de cette année.
Azedine Maktour


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