Algérie

La France ne souhaite pas reproduire l’exemple de l’Italie



«L’accord n’est ni un précédent, ni une référence» La France ne souhaite pas reproduire l’exemple de l’Italie qui a versé 5 milliards de dollars de dédommagement à la Libye pour la période coloniale. Le ministère des Affaires étrangères a estimé, hier, dans une comparaison avec la colonisation française en Algérie que l’accord passé entre Rome et Tripoli, samedi dernier, «n’est ni un précédent, ni une référence» car «chaque histoire bilatérale avance comme elle le souhaite». La France n’entend pas imiter la décision, sans précédent, de l’Italie, qui va verser 5 milliards de dollars à la Libye en compensation pour la période coloniale, se contentant d’une politique de «petits pas» sans repentance vis-à-vis de l’Algérie. Occupée pendant plus de 130 ans par la France qui l’a transformée en colonie de peuplement, l’Algérie, devenue indépendante en 1962, n’a pas cessé depuis de réclamer à la France de se «repentir» pour cette douloureuse histoire commune. Même si l’accord italo-libyen apparaît comme «une décision de gestion économique» puisqu’il prévoit des dédommagements sous forme d’investissements dans des projets d’infrastructures en Libye, il «n’est pas quelque chose d’accessoire mais un geste fort qui va à contresens du discours sur la non-repentance», a estimé l’historien, Benjamin Stora. En matière de dédommagements, Stora rappelle que les accords d’Evian qui ont mis fin à la guerre comportent une amnistie et ne prévoient rien à ce sujet. «Le contentieux algéro-français a été réglé par les négociations pendant la guerre puis par les nationalisations qui ont suivi l’indépendance», explique aussi l’historien Mohamed Harbi. Pour sa part, le SG de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM,) Saïd Abadou, a appelé la France à «accomplir ce pas» effectué par la Libye et à «reconnaître, s’excuser et indemniser». Le bilan de la guerre d’Algérie est édifiant: 1.500.000 Algériens tués durant le conflit ainsi que 8.000 villages incendiés, un million d’hectares de forêts incendiés avec le napalm, 2,1 millions d’autochtones déplacés dans des camps de regroupement. C’est sans compter la torture pendant la guerre d’Algérie qui a laissé de profonds traumatismes, l’armée française l’ayant pratiquée dans des proportions qui concerneraient des centaines de milliers d’Algériens. La colonisation française de l’Algérie a commencé entre le 11 et le 18 mai 1830, lorsque 37.000 hommes répartis dans 675 bâtiments de guerre, c’est-à-dire toute la marine française de l’époque, embarquèrent pour conquérir la bande côtière de l’ancienne régence, par la suite unifiée sous le nom d’Algérie. Le débarquement eut lieu le 14 juin 1830 à Sidi Ferruch et, le 5 juillet, les troupes françaises du général Louis Auguste Victor de Ghaisne de Bourmont firent leur entrée dans la forteresse d’Alger. A partir de cet instant, la France fit venir des colons pour exploiter les terres afin de lancer la machine économique de l’empire français et d’envoyer outre-Méditerranée des éléments sociaux potentiellement dangereux pour l’ordre social. Même si la France serait revenue à de meilleurs sentiments et travaille actuellement à l’élaboration d’un compromis sur la période coloniale de la France, la repentance ainsi que les dédommagements estimés, aujourd’hui, à quelque 8.000 milliards de dollars sont plus que jamais d’actualité. Saïd Farhi


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