Algérie

La France exporte ses déchets



De quel droit on nous envoie ce navire ' Pourquoi les puissants pays pensent de cette manière ' », s'est insurgé une militante écologiste indienne relayée par des télévisions satellitaires arabes réagissant à la prochaine arrivée de la coque du porte-avion français Le Clémenceau au chantier de Shree Ram Scrap Vessel, à Alang, dans l'Etat du Gujarat, où il est censé être désamianté avant son démantèlement. Mais l'arrivée du navire, en route hier pour les côtes indiennes, semble sérieusement hypothéquée après la décision, dimanche, de la Cour suprême indienne d'interdire provisoirement au Clémenceau l'accès à Alang. Il faudra attendre le 13 février pour que la justice se prononce après l'examen du rapport final de la commission de la Cour suprême sur les déchets dangereux. Cette commission a déjà recommandé d'interdire l'accès du Clémenceau au chantier d'Alang en raison des produits toxiques qui le composent, selon l'agence Reuters. Pour sa part, le ministère français de la Défense a indiqué, lundi, que la décision de la Cour suprême indienne est « compatible » avec le rythme de progression du porte-avions français. Le Clémenceau a quitté Toulon le 31 décembre en direction de l'Inde. Son remorquage est prévu pour durer deux mois. M. Bureau a rappelé que les autorités françaises avaient reçu l'accord du gouvernement de l'Etat du Gujarat (ouest de l'Inde), qui doit accueillir le porte-avions sur le chantier Shree Ram Scrap Vessel. Déjà que le navire a connu d'autres aventures lors de son remorquage. Il aura fallu trois jours de négociations pour que l'Egypte donne son feu vert au passage du Clémenceau par le canal de Suez. Des militants de l'ONG Greenpeace avaient occupé le navire en pleine mer pour protester contre la décision de le désamianter en Inde. Le ministère français de la Défense affirme qu'il reste 45 t de matériaux amiantés sur le porte-avions, soit moins de 0,2% de son poids total, après le retrait de 115 t sur 160. Les organisations de défense de l'environnement soutiennent qu'il y en a beaucoup plus, opinion que partage aussi un responsable de la société Technopure qui s'est chargée en France d'une partie du désamiantage du porte-avions. « Le Clémenceau ne serait pas un déchet toxique, mais un navire de guerre ' Avec cette stratégie, le gouvernement français croit pouvoir ne pas avoir à justifier les centaines de tonnes d'amiante à bord du Clémenceau. Mais espère-t-il convaincre les ouvriers indiens que les maladies dramatiques qu'ils développeront en démolissant le Clémenceau ne seront que les dommages collatéraux de la gloire de l'armée française ' Il est honteux que la France fasse ainsi prévaloir ses intérêts économiques sur le droit international, l'environnement et la santé publique », s'insurge Yannick Jadot, directeur des campagnes de Greenpeace France. Baptisée le « minéral magique » par les industriels qui en multiplient les emplois, l'amiante est un puissant cancérigène qui est déjà responsable de la mort, entre 1965 et 1995, de 35 000 personnes et qui tuera 60 000 à 100 000 personnes les vingt-cinq ans à venir, selon le rapport du Sénat français en octobre 2005. Greenpeace et l'association de lutte contre l'amiante Ban Asbestos-France ont déposé, hier, un référé en suspension devant le tribunal administratif de Paris pour tenter d'empêcher le départ du porte-avions Clémenceau en Inde pour son désamiantage. « Au-delà des questions de droit, il est éthiquement et moralement condamnable qu'un pays comme la France se débarrasse de ses déchets toxiques dans un pays moins développé qui n'a pas les moyens de les traiter en respectant la sécurité de ses ouvriers et l'environnement », ont déclaré les représentants des deux associations.


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