Algérie

La France et ses étrangers



La France et ses étrangers
Parce qu'elle abrite sous son toit quatre millions de nos compatriotes et qu'elle charrie de lourds contentieux d'ordre historique avec l'Algérie, il faut être particulièrement attentif à ce qui se passe en France, plus particulièrement dans sa gouvernance politique. La mise hors jeu de Nicolas Sarkozy est une excellente nouvelle, l'ancien président, qui a mené la guerre à notre émigration, s'était proposé de la durcir au cas où il reviendrait aux affaires : il s'agissait pour lui de fragiliser politiquement et socialement les étrangers, musulmans essentiellement, d'en expulser le maximum, de tarir le flux vers la France en restreignant le regroupement familial et l'accès à la nationalité, un credo proche de celui de Marine Le Pen, l'égérie du sinistre Front national.François Fillon, la nouvelle grande figure de la droite et du centre, qui vient d'émerger aux primaires et possible futur chef de l'Etat français ? ou Alain Juppé ? partage «globalement» ces thèses devenues «à succès» au sein de larges couches de la société française gagnées par la peur de l'autre sous l'effet d'une intense propagande politico-médiatique présentant l'islam comme porteur de violences. L'élite française de droite et du centre découvre, alimente et se nourrit de cette culture ? longtemps confinée à la seule extrême droite ? et lui prête volontiers un lointain ancrage historique de Jeanne d'Arc à l'aventure coloniale. Celle-ci ? et qui nous concerne ? n'est plus vécue comme honteuse, elle est placée sous les feux de la rampe avec une forte charge positive, voire civilisationnelle. La société française est invitée à la connaître et surtout la valoriser, y compris au sein de l'école, afin que s'en emparent les nouvelles générations et en fassent un idéal.Censée être d'une autre culture, l'élite dirigeante socialiste ne s'est jamais franchement démarquée de cette déferlante raciste, son leader actuel, François Hollande, resté sourd à toutes les attentes algériennes d'un «grand pardon» de l'Etat français pour les crimes commis par la France contre les Algériens et leur pays. D'un autre côté, s'il n'a pas tenu un langage franchement hostile à l'émigration algérienne, il n'a pas mis tout le poids de l'Etat français pour la sécuriser et lui assurer son épanouissement. Les socialistes n'ont pas su endiguer la culture dominante de rejet et d'hostilité, aux mains de la droite, encore moins proposer une nouvelle conception du «vivre ensemble» conforme à l'esprit des textes et aux hommes fondateurs de la démocratie française. Déficitaires dans leurs convictions mais davantage obsédés par les calculs électoraux, les socialistes ont agi à peu près comme la droite et l'extrême droite, à la différence que celles-ci sont dans leur élément, exploitant les attentats terroristes et la peur qui en a découlé. De la prochaine présidentielle française, rien de positif ne sortira pour l'émigration algérienne et musulmane de manière générale.Que François Fillon ou Alain Juppé l'emporte, nos émigrés verront leurs conditions se dégrader sensiblement. Et même si François Hollande réussit à arracher un autre mandat présidentiel. Fondamentalement, le poids des hommes pèse peu par rapport à l'idéologie dominante qu'est devenu le national populisme. Elle a fait triompher Donald Trump et contribué au basculement, ces dernières années, de nombre de pays européens. Resurgissant du fond des siècles, chaque fois avec des victimes différentes, cette idéologie se remet au goût du jour avec le bouc émissaire qu'est devenu l'étranger de confession musulmane. Alors, une nouvelle «guerre de Cent Ans» contre lui ' Tandis que dans ses propres terres, dans le monde arabo-musulman, il subit d'autres lois mortiferes, celles du salafisme et du djihadisme, à travers leurs bras armés que sont Al Qaîda et Daech, et celles des régimes politiques rendus totalitaires et liberticides par leur soif de pouvoir.


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