Algérie

La France et les corps cachés en Algérie



La France et les corps cachés en Algérie
Les militaires français avaient leurs raisons pour faire disparaître les corps de leurs victimes lors de la guerre d'Algérie. Ces raisons ont, elles-mêmes, disparu aujourd'hui. Suivant l'exemple de Mme Audin, deux chercheurs algériens lancent un appel au président français pour retrouver les corps de Bougara, Bounaâma, Si Larbi Tebessi, de grands responsables qui n'ont toujours pas de tombes...Grandiose commémoration. Le 70ème anniversaire du débarquement et de la bataille de Normandie a été commémoré le 6 juin dernier. Pas pour une seule cérémonie en un seul jour mais bien 728 événements et expositions étalés sur quatre mois (de mai à août 2014). En réalité, la liste n'est pas clôturée. D'autres événements pourront venir s'ajouter pour «meubler» toute l'année en cours. La première cérémonie officielle a été qualifiée «d'exceptionnelle par son ampleur» par le président de la République française, François Hollande. Etaient, en effet, présents pas moins de 19 chefs d'Etat et de gouvernement. Toutes les chaînes de télévision de l'Hexagone ont couvert en direct et durant toute la journée les différentes cérémonies.Exceptionnellement chargé fut aussi le programme de la journée pour le président Hollande. Il se faisait «un devoir de mémoire, oui, pour les victimes, toutes les victimes, militaires et civiles, alliées et ici aussi les victimes allemandes du nazisme» a-t-il tenu à préciser. Même les victimes allemandes. Les ennemis d'hier. Tout comme il a affirmé, par la même occasion, vouloir «construire un monde plus juste, et un monde plus humain». C'est sur quoi, nous le prenons au mot aujourd'hui. Une autre guerre a eu lieu après la Seconde Guerre mondiale. La guerre d'Algérie. La France était l'oppresseur alors que les Algériens combattaient pour la liberté. Leur cause était si juste, si noble que des Français n'ont pas hésité à sacrifier leur vie aux côtés des Algériens pour combattre la colonisation. Parmi eux se trouvait Maurice Audin que les parachutistes commandés par le général Massu ont exécuté sans jugement avant de faire disparaître le corps. C'est pourquoi, sa veuve, Mme Audin, a écrit au président Hollande qui s'était recueilli à la mémoire du martyr en se rendant à la place qui porte son nom dans la capitale algérienne lors de son voyage dans notre pays en 2012. Le président français, dans sa réponse, ordonne au ministre français de la Défense de communiquer à la veuve «les archives et documents disponibles sur la disparition de son mari». Ce qui a eu lieu. Malheureusement, Mme Audin a dû reprendre sa plume pour saisir une seconde fois le président français en février 2014 pour lui dire en substance que les documents qui lui ont été remis «ne révèlent rien sur les tortures subies par Maurice Audin et sur la façon dont il a été assassiné». Mardi dernier, au forum d'El Moudjahid l'association Machaâl El Chahid (le flambeau du martyr) a organisé une conférence de presse animée par deux historiens algériens à l'occasion du 57ème anniversaire de la disparition de Maurice Audin. Les deux chercheurs ont lancé un appel au président de la République française pour permettre aux familles du colonel Si M'Hamed Bougara, chef de la Wilaya IV, mort au combat le 5 mai 1959 au lieudit «Ouled Bouachra» à Médéa et dont le corps a été enterré par les militaires du général Challe dans un lieu qui n'a jamais été révélé, le même accès aux archives et documents que pour Maurice Audin. Il n'y a pas que ce cas puisque leur appel concerne également son successeur à la tête de la Wilaya IV, le colonel Si Mohamed (Djillali est son vrai prénom) Bounaâma tombé en plein centre de Blida le 8 août 1961. Les militaires ont aussitôt emporté le corps sans jamais indiquer le lieu où ils l'ont fait disparaître. Ces chercheurs ont aussi évoqué le cas du martyr Si Larbi Tebessi, président de l'association des Oulémas musulmans algériens, arrêté à son domicile à Alger par les mêmes parachutistes de Massu, le 4 avril 1957 qui ont fait disparaître le corps. Une double peine barbare pour une armée d'un aussi grand pays que la France que ces disparitions des dépouilles de grands responsables de la guerre de Libération en Algérie. Il est vrai que la guerre d'Algérie a engendré des milliers de disparus. Il est vrai aussi que lorsque ces disparus sont de grands responsables, l'armée française sait ce qu'elle en a fait. Le 5 mai dernier (55ème anniversaire), le frère du colonel Bougara a lancé un appel au président français identique à celui de Mme Audin. Il espère toujours que la même instruction soit donnée par le président français pour l'accès aux archives et documents ayant trait au lieu où les militaires français ont dissimulé la dépouille du chef de la Wilaya IV. Loin de tous les secrets d'Etat. Des tortures infligées. Seulement le lieu!zoume6@hotmail.com




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