Algérie

La France en force aux obsèques de Omar Bongo



La France en force aux obsèques de Omar Bongo
Une importante délégation française, conduite par le président Nicolas Sarkozy, devait assister hier aux obsèques de Omar Bongo, chef de l'Etat gabonais, décédé il y a huit jours après 41 ans au pouvoir. ParisDe notre correspondante Et pour cause ! Omar Bongo était par excellence le symbole de la « Françafrique », relation ambiguë entre Paris et ses ex-colonies d'Afrique subsaharienne, faite de réseaux mêlant intérêts économiques, politiques, diplomatiques, militaires et liens personnels, depuis plus de quarante ans.Aux côtés de Nicolas Sarkozy, pas moins de cinq ministres ou anciens ministres : le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et le secrétaire d'Etat à la Coopération, Alain Joyandet, les anciens ministres Michel Roussin, Jean-Louis Debré, Jacques Godfrain. Loïc Le Floch-Prigent (ex-dirigeant d'Elf condamné dans l'affaire de la compagnie pétrolière française) devait être du voyage. Pour sa part, le prédécesseur de Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac, est arrivé à Libreville dans un avion distinct, a-t-on indiqué de source diplomatique française.Pour le militant d'opposition gabonais Grégory Minsta, intervenant sur RTL, la présence massive de représentants français aux obsèques de Omar Bongo n'a rien d'étonnant.« Je ne veux pas m'avancer en disant que tous ceux qui sont venus aux obsèques sont des corrompus. Mais c'est cohérent qu'une grande partie de la France aille se prosterner devant le mentor de la plupart des hommes politiques français. Chirac c'était un grand ami, Sarkozy c'est un grand dauphin. »Dans le bureau de Omar Bongo, à Libreville, tous les présidents de la Ve République figurent en photos : le général de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Omar Bongo n'a jamais caché avoir financé des partis politiques français, à droite comme à gauche. Dans une interview au Parisien, l'ancien ministre socialiste des Affaires étrangères, Roland Dumas, affirme que « s'il l'a dit, c'est qu'il y a une part de vérité. Je connaissais Bongo depuis cinquante ans. C'était un ami et nous avons toujours travaillé en bonne intelligence. Mais je n'étais pas là, moi, pour porter les valises. Et bien d'autres pays ont procédé à de tels financements. La différence avec Omar Bongo, c'est qu'il répartissait équitablement la manne : chaque parti était servi ».Pour sa part, le député PS André Vallini a indiqué : « Nous savons tous précisément que Omar Bongo a financé de nombreuses campagnes électorales à droite mais aussi à gauche, parfois, peut-être. On l'a entendu dire. Je crains hélas que cela soit un peu vrai, y compris concernant la gauche. » « La Françafrique, cela concerne la droite mais cela a pu concerner la gauche », a-t-il ajouté. Et « je considère que les deux septennats de François Mitterrand (1981-1995) n'ont pas été parfaitement clairs sur le plan de la Françafrique ». L'ancien président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, a, lui aussi, affirmé que le président Omar Bongo avait soutenu « financièrement » Jacques Chirac pendant la campagne présidentielle de 1981. Ces relations entre Paris et Libreville ont débuté bien avant l'indépendance du Gabon, en 1960, et avant même que Omar Bongo n'en prenne la présidence en 1967, avec l'aide de Jacques Foccart, l'homme de la « Françafrique ».Le général de Gaulle charge, dès 1958, son plus proche collaborateur, Jacques Foccart, de créer un système de réseaux qui enferment les anciennes colonies dans une relation de dépendance de la France. « Les réseaux Foccart reconstituent, au sein même d'Elf au Gabon », riche en pétrole « un service de renseignement capable de concurrencer les services spéciaux de la République », écrit Le Monde. Et « en 1981, Foccart met la manne du Gabon au service du candidat Jacques Chirac ». « En 1989, un an après sa réélection, François Mitterrand demande à Loïc Le Floch-Prigent, nouveau président d'Elf, d'organiser un système de financement pour la gauche, notamment via le Gabon », ajoute Le Monde. La mort de Bongo signe-t-elle la fin de la Françafrique ' Rien n'est moins sûr. Pendant sa campagne électorale, Nicolas Sarkozy avait promis de rompre avec la Françafrique. Une promesse qui reste en l'état. Quant à son conseiller spécial, Henri Guaino, qui était l'invité dimanche du Grand Rendez-vous Europe 1/Le Parisien/Aujourd'hui en France, il souhaite, après le décès de Omar Bongo « qui était un ami de la France », que le Gabon « reste un ami de la France ».


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