La Mauritanie piégée par l'Aqmi ? La question se pose après le revers
subi par l'armée mauritanienne qui cherchait à «anticiper les intentions
criminelles des terroristes». Un journal mauritanien affirme que l'opération
était préparée depuis deux mois avec la France, qui s'est «désistée» au dernier
moment. L'enlèvement de citoyens français a changé la donne et laissé les
militaires mauritaniens seuls face à l'Aqmi. Pour la France, c'est l'attente…
La deuxième opération militaire
mauritanienne au nord du Mali contre des groupes de l'Aqmi a beau avoir été
préparée depuis deux mois, elle semble avoir mal tourné au regard du bilan des
pertes enregistrées par les troupes mauritaniennes. Selon un journal
mauritanien, «pour l'opération militaire préparée depuis deux mois, la France
s'est désistée au dernier moment».
L'enlèvement de citoyens français au Niger aurait ainsi contraint les
Français à renoncer à prendre part à une opération qui, selon des critères
purement militaires, est un échec pour l'armée mauritanienne.
Hier, face à une résistance inattendue des membres de l'Aqmi, l'armée
mauritanienne a engagé des avions dans les combats.
Une source sécuritaire algérienne anonyme explique que l'objectif des
Mauritaniens est de « tenter de prendre le dessus, ce qui jusque-là n'était pas
le cas». Des témoignages locaux confirment d'ailleurs que les forces
mauritaniennes ont subi des pertes importantes dans l'opération. «Je viens de
Raz-el-Ma. J'ai vu six véhicules de l'armée mauritanienne calcinés à côté d'un
puits», a indiqué un civil cité par une agence de presse. Un responsable
militaire mauritanien a fait état de la destruction de «trois véhicules
transportant des terroristes, sur sept véhicules visés (qui circulaient) dans
une colonne». De nombreuses questions
sont posées au sujet de l'opération mauritanienne qualifiée de «préventive».
Défection française
Certains estiment que l'Aqmi a piégé les Mauritaniens, qui reconnaissent
la perte de cinq militaires, alors que d'autres sources font état de 10, voire
15 soldats mauritaniens tués.
La défection des Français à la « dernière minute » aura considérablement
influé sur le cours de l'opération. Le gouvernement mauritanien, qui parle
d'une opération qui « anticipe les intentions criminelles de l'Aqmi », ne fait
pas de lien avec l'enlèvement, jeudi au Niger, de cinq Français et de deux
Africains qui auraient aussitôt été acheminés vers le nord du Mali. Les
bombardements d'hier semblaient, selon des observateurs, une sorte de baroud
d'honneur de la part de l'armée mauritanienne qui a essuyé un revers inattendu.
La France persiste de son côté à signifier qu'elle n'était pas impliquée
dans l'opération et que celle-ci n'avait pas de lien avec l'enlèvement des
employés des entreprises françaises au nord du Niger. La France «fera tout pour
retrouver ses otages» enlevés jeudi au Niger, a déclaré dimanche le
porte-parole du gouvernement français, Luc Chatel, interrogé sur la possibilité
que la France engage une «action militaire» pour tenter de les libérer.
Attente à Paris
«A ce stade», le gouvernement n'a «pas de revendication particulière sur
cette prise d'otages», a cependant déclaré M. Chatel, à qui l'on demandait si
les autorités françaises attribuaient la responsabilité de cet enlèvement à
l'Aqmi. Le ministre français de la Défense est, lui, presque certain qu'il
s'agit d'une opération de l'Aqmi. La France a donné consigne à ses citoyens de
quitter, avant aujourd'hui, la région d'Arlit au Niger. « Nos ambassades dans
la région ont engagé le processus de sortie de la zone rouge de ceux de nos
compatriotes qui s'y trouvent», a dit le porte-parole du ministère des Affaires
étrangères, Bernard Valéro. Le tout dans un fort climat de suspicion contre les
gardes de sécurité nigériens que certains accusent, un peu vite, d'être partie liée
avec l'Aqmi.
Certains journaux français font valoir, avec bon sens, que l'Aqmi n'avait
pas besoin de complicités à l'intérieur d'Areva ou de Satom pour agir à Arlit,
où «chacun entre et sort comme il veut».
La question qui se pose pour les autorités françaises est de savoir si
les auteurs de l'enlèvement vont essayer de monnayer la vie des otages ou s'il
s'agit d'un acte de «vengeance» après l'opération de juillet dernier qui s'est
soldée par la mort de sept membres de l'Aqmi.
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Posté Le : 20/09/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com