Algérie

La France dos au mur



Roms, gens du voyage, débat sur l'identité nationale, condamnation en juin 2010 de Brice Hortefeux, ministre de l'Intérieur du gouvernement Fillon pour injure raciste et durcissement du droit de l'entrée et de séjour des étrangers... Il était vraiment temps que l'organisation des Nations unies réagisse et tire la sonnette d'alarme pour dénoncer le comportement ignominieux de l'équipe du président Sarkozy qui gouverne la France, «patrie des droits de l'homme», depuis 2007. Les récentes affaires concernant les Roms et gens du voyage et le tristement célèbre discours de Grenoble sur la déchéance de la nationalité, du 30 juillet 2010, du président Sarkozy restera à jamais, et malgré nous, gravé dans nos mémoires. Par ces déclarations, ce dernier n'a en effet pas arrangé les choses. Cet état des lieux n'a pas échappé aux experts du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale (CERD) de l'ONU.
Le 11 août 2010, ils ont mis la France sur le banc des accusés et l'ont sévèrement épinglée lors de l'examen de sa politique des minorités, dénonçant une «recrudescence notable du racisme» dans ce pays. Il doit conclure par une série de recommandations à la France le 27 août 2010. Il est à noter que les questionnements du CERD sur le respect de la Constitution d'un pays sont «assez rares», car généralement très techniques :
«D'habitude, les experts s'interrogent sur la conformité d'une politique nationale par rapport à la convention. Mais là, les membres du comité ont été choqués par les récentes déclarations au plus haut niveau de l'Etat.»(1)
Ils critiquent l'attitude générale de la France, qui non seulement ne reconnaît pas les discriminations raciales, mais en nie aussi l'existence. Ils reprochent à la France de se retrancher derrière les principes de «liberté, égalité, fraternité» pour dire que «tout va bien»(2). Avec un ministre en exercice, Brice Hortefeux, condamné le 4 juin 2010 par la 17e Chambre du tribunal correctionnel de Paris pour injure raciste et les ravages qui en ont découlé à la suite de l'ouverture du grand débat sur l'identité nationale, la France essuie un rapport critique sur le respect de ses engagements en matière de lutte contre le racisme et du respect du principe d'égalité entre ses citoyens.
La France des Lumières a fait l'admiration du monde. Le principe d'égalité en droits et devoirs est devenu la règle dans les rapports entre les individus. Avec son discours de Grenoble, M. Sarkozy a violé les fondamentaux constitutionnels de la République et a touché le fond en gâchant l'héritage des bonnes œuvres de la maison France. Ce gouvernement a osé franchir une nouvelle limite. Celui qui parle au nom des Français a décidé de catégoriser les Français. Ceux qui sont à part entière et les autres de classe inférieure et qui sont pour lui des mauvais Français. Du jamais vu depuis la colonisation !
  La déchéance de la nationalité française Nicolas Sarkozy veut retirer la nationalité pour certains criminels. Une mesure qui suscite, en France, de vives réactions parmi les juristes. La Constitution française est très claire sur le principe d'égalité. Si Sarkozy voulait vraiment mettre en œuvre ce projet, il devrait d'abord commencer par remettre en cause le principe de l'égalité de tous les Français devant la loi, sans aucune distinction de leur origine et prévoir un référendum pour modifier l'article 1 de la Constitution qui stipule que «la France assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine».
La déchéance de la nationalité est déjà prévue dans l'article 25 du code civil, pour certains motifs précis et d'une extrême gravité, notamment atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation, terrorisme, ou pour avoir commis, «au profit d'un Etat étranger, des actes incompatibles avec la qualité de Français et préjudiciables aux intérêts de la France». Dans une annonce à la presse, Robert Badinter, ancien ministre de la Justice et ancien président du Conseil constitutionnel, a estimé qu'«on veut faire des discriminations contre les Français au regard de mêmes crimes, de mêmes infractions, selon l'origine de la personne, selon les modalités d'acquisition de la nationalité française». «C'est contraire à l'esprit républicain... et c'est une faute politique, parce que le cœur du problème, c'est le sentiment de certains de ces Français, que M. Sarkozy appelle d'origine étrangère, de demeurer malgré leur carte d'identité des étrangers de la nation».(3)
  Les Roms Les 18 experts du comité n'ont pas mâché leurs mots pour s'inquiéter du traitement fait aux gens du voyage ainsi qu'aux Roms. Le chef de l'Etat français a lancé une «véritable guerre nationale» contre la criminalité en pointant du doigt «certains» Roms et gens du voyage et en liant immigration et insécurité. Et pourtant, les mesures sécuritaires de Sarkozy, comme ministre de l'Intérieur puis comme chef de l'Etat sont jugées «inefficaces» par 69% des Français depuis 2002, selon un sondage CSA pour l'hebdomadaire Marianne (4). Que recherche Sarkozy avec sa rancœur à l'égard des sans-grade, les immigrés et les laissés-pour-compte ' Sans aucun doute la diversion. Il est évident que le débat sur les retraites a fâché un grand nombre de Français. Mais les moyens déployés par ce gouvernement sont-ils à la hauteur des règles du jeu du politiquement correct ! Tous les moyens sont bons pour éviter le débat sur la réforme des retraites. Le président et son gouvernement redoublent d'imagination pour faire passer cette réforme coûte que coûte, quitte à jeter le discrédit sur une partie de la population nationale, avec comme mot d'ordre «occuper le terrain médiatique». Le président a commencé sa campagne de 2012, on retrouve tous les ingrédients de l'extrême droite cela nous rappelle d'ailleurs pour beaucoup les périodes noires du fascisme. Aujourd'hui, les dirigeants français ont fait tomber la France bien bas, le peuple saura-t-il la relever à la prochaine élection présidentielle '       Note :
1-Le 12 août 2010, Radiosun.fr, «Racisme : l'ONU s'inquiète du discours politique français»
2-Ibid
3-Le Point du 2 août 2010.
4-Sondage CSA pour Marianne, paru le 14 août 2010.


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