Algérie

La France de retour au Moyen-Orient ?



Que le projet d'Union pour la Méditerranée, dont il fut lepromoteur initial, se concrétise ou pas, le sommet qui lui a été consacré hierà Paris a offert à Nicolas Sarkozy une fenêtre d'opportunité pour tenter dereplacer la France sur la scène politique moyen-orientale, sur laquelle elle aété absente en tant qu'acteur actif et écouté durant la présidence de sonprédécesseur Jacques Chirac. On peut penser qu'il est en train d'y parvenir, auconstat qu'il a réussi d'abord à faire venir à Paris les principauxprotagonistes des conflits que la région du Proche-Orient concentre. LePrésident syrien, par exemple, n'aurait jamais consenti à faire ce déplacementavec Chirac à l'Elysée. Qu'il a fait ensuite se rencontrer en sa présence cemême président Bachar Al-Assad avec celui du Liban, Michel Seleiman, puis leprésident de l'Autorité palestinienne avec le Premier ministre israélien EhudOlmert. Des rencontres dont l'organisation se veut la démonstration que lamédiation et la facilitation de la France ne sont plus systématiquementrécusées par les acteurs des conflits moyen-orientaux, comme cela l'était iln'y a pas longtemps.

Il faut toutefois relativiser la réalité du retour de laFrance dans le chaudron moyen-oriental. Le Président syrien, qui s'est prêté aujeu du Président français parce qu'il y engrange d'incontestables gainsdiplomatiques, a clairement fait comprendre que ce n'est pas de la France queson pays attend l'intervention et l'impulsion qui créeront les conditions à laconclusion d'un accord de paix entre la Syrie et Israël. Que la France soitmaintenant en mesure de «parler» avec toutes les parties au Moyen-Orient, nelui confère pas pour autant, selon Bachar Al-Assad, le poids pour peser sur lasituation au Moyen-Orient, dont seuls les Etat-Unis disposent. Le Présidentpalestinien et le Premier ministre israélien partagent cette vision des limitesde la marge de manoeuvre et des capacités de la France à influer avec quelqueimportance sur les évènements moyen-orientaux. La majorité au Liban a, elle,grand intérêt à ce que la France revienne en force sur la scène régionale, mêmesi le «pragmatisme» dont fait montre Sarkozy pour le réaliser se traduit par le«confortage» du régime syrien et sa réinsertion dans le concert international.Elle ne peut qu'être satisfaite que l'Elysée soit parvenu à obtenir de BacharAl-Assad qu'il accepte que la Syrie ouvre une ambassade à Beyrouth. Sauf qu'enacceptant cette perspective, le Président syrien a clairement fait entendre quesi son pays admet que la France a des intérêts historiques au Liban dont ilreconnaît la réalité, il en a lui dans ce même pays qui ne sont pas discutableset que la Syrie est légitimement en droit de maintenir et de défendre. C'estsur ce deal que Français et Syriens se seraient entendus et rapprochés.

Le Président français réussira-t-il à garder cette position«d'équidistance» qu'il affiche entre les protagonistes des conflitsmoyen-orientaux ? Tant que la dynamique est pour l'heure au dialogue et à lanégociation. La politique de l'équilibriste ne résistera certainement pas à lamoindre conflagration dans la région.




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