La révision délicate de la prévision officielle de croissance de l'économie française pour 2013, initialement chiffrée à 0,8%, a donné lieu mardi à des déclarations contradictoires de l'exécutif français, tant sur le nouveau chiffrage que sur la date à laquelle il sera officialisé.
Le chef de la diplomatie, Laurent Fabius, a été le premier à parler de nouvelle prévision abaissée, sans doute autour de +0,2% ou +0,3%. "On va être obligé de la revoir en baisse" et "ce doit être fait dans les jours qui viennent", a-t-il dit à la radio RTL. Au journaliste qui avançait l'hypothèse de 0,2 ou 0,3%, le ministre a répondu: "C'est autour de ce chiffre".
Il n'a toutefois pas dit clairement si cette fourchette représentait la nouvelle prévision, ou l'abaissement de la précédente, ce qui amènerait la prévision autour de 0,5-0,6%.
Le numéro deux du gouvernement, ex-Premier ministre (1984-1986) et ex-ministre de l'Economie (2000-2002), qui s'exprimait pour la deuxième fois en une semaine sur les sujets économiques, a aussitôt été rappelé à l'ordre par le ministère de l'Economie, qui a affirmé qu'aucun chiffre n'avait été arrêté.
Bruxelles rendra "ses prévisions ce vendredi", puis "le gouvernement le fera lorsqu'il transmettra son programme de stabilité mi-avril" au Parlement, a-t-on précisé au ministère de l'Economie.
A Athènes, où il effectue un déplacement officiel, le président français François Hollande a pour sa part plutôt parlé de mars.
"La France est un des pays qui aujourd'hui sur le plan de la croissance est dans la situation la moins mauvaise même si nous sommes loin du compte par rapport à nos objectifs", a-t-il dit, confirmant que la France n'atteindrait pas son objectif de 0,8 % de croissance en 2013.
La nouvelle prévision de croissance sera établie "fin mars avec le Haut conseil aux Finances publiques", a précisé le chef de l'Etat.
"Cacophonie invraisemblable" pour l'opposition
Pour le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ces multiples déclarations n'équivalent pas à une "cacophonie". "Il n'y pas de cacophonie, c'est vous qui la commentez", a-t-il lancé à la presse.
Spectatrice de ces échanges intergouvernementaux, la patronne des patrons français, Laurence Parisot, a jugé Laurent Fabius plutôt "optimiste", estimant la situation de l'économie française bien plus grave.
Dans l'opposition de droite, le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, a dénoncé "une cacophonie invraisemblable" au gouvernement.
"Il est invraisemblable d'avoir, sur un sujet comme celui-là, une telle cacophonie, un très gros couac: le ministre des Affaires étrangères annonce, visiblement sans concertation, une révision du taux de croissance, il est immédiatement contredit par Bercy (le ministère de l'Economie, ndlr) et ensuite e Premier ministre doit s'en mêler", a-t-il souligné.
"Alors, Laurent Fabius est maintenant à la fois ministre des Affaires étrangères et ministre de l'Economie '", a renchéri le député
UMP Bruno Le Maire, en parlant d'"amateurisme complet du gouvernement sur tous les sujets". "Et on a des chiffres qui sont brouillons et contradictoires", a ajouté sur la chaîne d'information BFMTV l'ex-ministre de l'Agriculture de Nicolas Sarkozy, tandis que sa collègue Valérie Pécresse, elle aussi ancien ministre, abondait dans son sens: "C'est du jamais vu et ça montre que vraiment le gouvernement marche sur la tête".
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Posté Le : 19/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Temps d'Algérie
Source : www.letempsdz.com