Algérie

La France au Mali : ceux qui sont «pour», ceux qui sont contre (le mur)



Les Algériens se sont donc réveillés avec la France dans le dos, et pas en face comme depuis toujours. Cela crée un malaise et on le constate dans la rue, dans les cafés et les avis : «que pensez-vous de l'intervention française au Mali» est la question que l'on pose. La raison ' Parce que la réponse est difficile. D'un côté, on le sait : le Sahelistan est une tumeur. On doit tuer le mal dans le berceau du mal. On ne peut accepter au Sud ce que l'Algérie a refusé, durant les années 90, au Nord. On ne peut regarder, sans colère et indignation, ces images d'hommes fouettés, de femmes lapidées, de mains coupées, de mausolées détruits et d'Allah ouakbar lancés par des animaux mangeurs de têtes décapitées, sans souhaiter que l'on efface cet émirat de la terre et qu'on nettoie l'endroit de ce cancer. Le Sahelistan est une maladie, pas un pays. C'est un lieu qui n'aura de cesse de vouloir dévorer le reste de la géographie et de remonter jusqu'au pôle nord et jusqu'à nos enfants.
Mais d'un autre côté, on n'aime pas. On n'aime pas que ce soit la France qui fasse le boulot. Les Algériens ont le soupçon professionnel et aiguisé par des siècles de méfiance et de culbutes coloniales : il y a toujours une facture quand quelqu'un vous fait un travail gratuitement. Et si la France est dans leur dos, ils se disent que c'est pour des raisons précises. Certains ont même déjà compris, disent-ils : il y aura une guerre d'usure et de pourrissement. Une sorte de formule d'instabilité permanente qui va donner un second souffle au djihadistes mais qui va rendre la présence de la France nécessaire, une «présence positive», légitimisée. Un jour, disent-ils, les islamistes seront pourchassés jusqu'à l'intérieur de nos frontières. Le fameux droit de poursuite qui deviendra une ingérence, belle-fille connue de la recolonisation.
La première attitude donne un soupir et aboutit à la conclusion qu'on aurait dû faire le boulot nous-mêmes et qu'on a laissé pourrir une situation qui va se retrouver contre nous, sans nous. Il fallait s'y prendre tôt et pas avec la diplomatie assise actuelle, contraire de la diplomatie active et debout de l'époque de Boumediene. A l'époque où le pays avait des ambitions régionales et pas seulement des ambitions personnelles d'une seule personne qui ne veut pas quitter le palais. Et en attendant, il faut agir : réformer la gouvernance dans le Sud, décentraliser, déléguer et essayer de comprendre et pas seulement de frapper des chômeurs à Ouargla. Sauvons ce qui reste du Sahara. Et vite. La seconde attitude fait dans le déni : je ne veux pas de la France dans le dos même si, dans le dos, les djihadistes vont me faire pire. Le sentiment anticolonial semble être plus puissant que l'instinct de survie. C'est noble, mais démodé bien sûr. La France y est et pour longtemps. A la fin ' Le choix des autres qui font des choix à notre place : soit la France, soit Allah ouakbar et la décapitation. Il fallait agir tôt. Maintenant, on va veiller tard. A surveiller les frontières.


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