Algérie

La France à reculons



Mauvaise blague. Les médias français ne décolèrent pas contre la tenue du Sommet mondial de la société de l?information à Tunis. La crise risque de s?accentuer après « l?incident » qui a visé, hier, un autre journaliste, envoyé spécial de la chaîne de télévision francophone TV5. « Pour être fidèle à l?image du pays de la démocratie, qu?elle souhaite tant préserver, la France serait bien inspirée de s?abstenir d?être présente, dans un tel contexte, au sommet de Tunis », écrit Le Monde qui demande à « sanctionner Ben Ali ». Christophe Boltanski, venu enquêter sur les droits de l?homme en Tunisie, a été attaqué, vendredi soir dans une rue du centre de Tunis fortement gardée par la police, par quatre hommes qui l?ont frappé à coups de pied et de poing et lui ont donné un coup dans le dos avec un objet tranchant. Christophe Boltanski avait publié dans Libération des reportages sur le passage à tabac mardi de l?avocat Mokhtar Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits de l?homme (LTDH) et la grève de la faim observée par les militants tunisiens des droits de l?homme depuis le 18 octobre dernier. La France a demandé, dimanche, aux autorités tunisiennes une enquête pour faire « toute la lumière » et a demandé « à être tenue informée du déroulement de cette enquête ». Pour Tunis, « l?incident peut survenir dans toutes les capitales du monde. Il est, par conséquent, inopportun d?amplifier cet incident au-delà de ses proportions réelles, d?autant que l?enquête suit son cours avec célérité et que tous les efforts sont déployés afin que la lumière soit faite ». Malheureusement, les incidents s?accumulent et ne concernent que les journalistes qui enquêtent sur les libertés en Tunisie. Une équipe de la RTBF (Radio Télévision belge francophone) avait été agressée lundi soir. Les agresseurs ont subtilisé la cassette de tournage et ont menacé la journaliste de représailles. Tunis dément. Mais la RTBF maintient ses accusations et donne encore plus de détails. Le Quai d?Orsay a fait savoir, hier, qu?un incident avait visé un journaliste de TV5, sans autre commentaire. L?accumulation des « incidents » fait dire à Reporters sans frontières que cela est loin d?être des coïncidences. « Il s?agit d?une intimidation très claire adressée par le pouvoir tunisien aux journalistes étrangers qui osent encore s?intéresser à la situation déplorable des droits de l?homme. Les autorités tunisiennes et les Nations unies semblent incapables de garantir aux journalistes et aux militants des droits de l?homme la sécurité et la liberté de parole à la veille de cette réunion cruciale pour l?avenir du développement de l?internet dans le monde », note RSF. Pour le Syndicat national des journalistes (SNJ), l?agression de Christophe Boltanski « illustre de façon consternante la conception que le gouvernement tunisien se fait de la liberté d?informer ».


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